Tu viens de lancer ton nouveau projet  en collaboration avec Sylvere, votre premier EP arrive sur DISCHI le label de Jennifer Cardini le 5 juillet prochain, tu peux nous en dire plus? C’est la première fois que vous travaillez ensemble? 

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Cela fait plus de dix ans que je suis fan de ce que fait Sylvere, on se croise depuis les débuts de la scène "Club Music" à Paris, c'était un habitué des Boiler Rooms que je programmais ainsi que de mes émissions Overdrive Infinity sur Dailymotion avant ça. Il y a quelques années je l'ai présenté à l'équipe de Monkeytown, le label de Modeselektor, qui cherchait des gens à signer, et c'est ce qu'ils ont fait. Même si je n'ai jamais eu les capacités ni l'énergie pour être officiellement "manager" j'aime bien donner des conseils aux jeunes artistes, leur faire part de certaines stratégies et leur présenter des gens quand je peux. C'est ce que je faisais avec plusieurs producteurs parisiens dont Sylvere, sans qu'on puisse appeler ça "travailler ensemble", jusqu'au jour où on a décidé de vraiment passer du temps en studio tous les deux pour créer le projet SUBMECHANOPHOB1A 

Ton duo avec Sylvere: quels sont vos points communs? 

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Notre grand point commun c'est qu'on vient tous les deux de scènes un peu hybrides qui mélangent toutes sortes de styles de musique électroniques différents, mais qu'on avait cette volonté commune de casser cette image "ils jouent de tout et du coup on ne sait pas sur quel pied danser avec eux" et de concrétiser nos envies de techno pure et dure, un style qu'on aime et joue depuis des années. On avait tous les deux envie d'explorer ces sonorités et ces structures de morceaux techno, en y apportant notre touche. Faire un projet à part consacré à ça, ça nous permet de continuer à jouer de tout dans nos carrières solo respectives. 

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Et vos différences? 

Pour ce qui est des différences, la plus grande c'est que Sylvere est un vrai producteur dans le sens "beatmaker" et moi non. Moi je me contente d'être un directeur artistique qui apporte mes goûts et mes opinions, des idées de choses à sampler, de mélodies à mettre en avant ou à virer du morceau, des inspirations, et un point de vue de DJ qui sait comment doit sonner un morceau qu'il va avoir envie de jouer. Mais celui qui crée vraiment, qui compose et finit les tracks, c'est Sylvere. On se connait tellement bien qu'on travaille super bien ensemble et il comprend tout de suite les modifications que je lui suggère et que je serais incapable de créer moi-même si on me mettait en face d'un logiciel de production. 

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Ça veut dire quoi SUBMECHANOPHOB1A? 

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Submechanophobia c'est la peur des gros objets souvent mécaniques submergés. Par exemple, si tu te sens mal à l'aise en regardant des images de l'épave du Titanic, ou dans des parcs d'attractions certaines statues mécaniques placées sous l'eau te donnent la frousse, tu es atteint.e de submécanophobie. C'est une phobie très très spécifique!

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Pourquoi avoir choisi ce nom? 

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Pendant le confinement, sur un group chat dont Sylvere et moi faisions partie, nous étions fascinés par toute une série de vidéos Youtube consacrées à ce sujet. Il y a une certaine notion d'horreur que peuvent inspirer à la fois les fonds marins et l'infini de l'espace. Les deux se rejoignent. C'est à la fois terrifiant et merveilleux, et tout au long de l'histoire de la musique électronique ça a toujours inspiré énormément d'artistes, notamment Drexciya dont nous sommes fans. Et puis il y a le fait que le mot en lui-même sonne incroyablement cool.

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Tes fixettes électroniques du moment? 

En ce moment je m'interesse beaucoup à la Hard House américaine de la fin des années 90,  produite par des latino américains à Chicago et Los Angeles sur des labels comme Underground Construction. Des gens comme DJ Trajic, Mark V & Poogie Bear, Angel Alanis etc.. C'est une pure musique de fête, crue et énergique dont émane une telle simplicité qu'elle en devient pure et classieuse. Les gens vont lire ça puis écouter et se dire "qu'est-ce qu'il raconte, on dirait de la musique d'autos-tamponneuses" mais contrairement à certains styles de hard dance européens ou UK, moi je vois une vraie poésie et une beauté dans cette hard house américaine. Ca a très bien vieilli, comme du bon vin.

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Je suis également fasciné par les répercussions de ce style américain sur d'autres endroits géographiques notamment Caracas au Venezuela où la hard house a engendré ce que certains appellent "Changa Tuki" et d'autres "Raptor House": une évolution mêlée à des percussions vénézuéliennes dont DJ BabaTR et DJ Yirvin sont les parrains, et qui me passionne totalement.  J'adore mélanger ces styles pour raconter leur histoire, et les combiner à de la techno d'hier et d'aujourd'hui pour prouver qu'il y a une sorte de lien entre tout ça. Sortir le public techno français de ses habitudes et mettre en avant ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous sépare.Si on imagine que ces scènes musicales sont des fils, des lignes du temps, j'essaye de tisser une tapisserie en utilisant ces différents fils lorsque je conçois mes DJ sets. 

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Toujours aussi amoureux des musiques de jeux vidéos? 

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Oui, depuis que j'ai co-réalisé une mixtape dédiée à ces styles avec le spécialiste du genre Nick Dwyer en 2020, je ne cesse d'en introduire dans mes sets.

‍Celle dont tu ne te lasseras jamais?  

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 il y en a mille mais Bloody Tears de Castelvania 2 sur la première Nintendo est certainement dans le top 5. J'ai récemment découvert un truc fabuleux: un groupe de vrais mariachis mexicains "Mariachi Entertainment System" qui reprennent des classiques du jeu vidéo à la trompette, guitare etc. Il y a Bloody Tears dans leur répertoire mais également les thèmes de Zelda, Street Fighter, et même Shovel Knight! C'est brillant et émouvant. 

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