Roméo Louisa, vent de fraîcheur jazz & house

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Producteur de house audacieux, claviériste jazz virtuose, Romeo Louisa construit au travers de sa musique une passerelle entre hier et aujourd’hui. Parmi les ambassadeurs de la nouvelle vague du genre en quatre temps aux côtés d’artistes comme Oden & Fatzo ou Theos, Romeo Louisa insuffle avec brio un vent de fraîcheur dans la sphère électronique française.

À l’occasion de la sortie de son nouvel EP “Indigo Chronicles” sur Pont Neuf Records, rencontre pour parler de la genèse de cet écrin d’azur.

Salut Romeo, comment te présenterais-tu à quelqu’un qui ne te connaît pas ? Comment reconnait t-on une track de Romeo Louisa ?

Quand on me demande ce que je fais, je réponds que je suis producteur de musique house aux sonorités vintage années 90, mais que je suis aussi pianiste de jazz, et je conclue en disant que j'essaie de mélanger ces deux aspects de mes influences et de mon background.

Généralement, je pense qu’on me reconnaît grâce aux accords. Dans tous mes morceaux, j'utilise des suites d'accords assez riches qui proviennent du jazz, des accords parfois un peu tendus, un peu complexes. Je recherche vraiment là-dedans et je pense qu'il y a pas mal de gens qui me définissent par rapport à ça. Ce que j'essaie de faire, je dirais, c’est de mettre des drums qui sont punchy, rapides, vraiment au goût du jour, au service de ces accords qui, eux, amènent le côté soul, vintage, et l’émotion.

Tu as sorti vendredi dernier l’EP “Indigo Chronicles” sur Pont Neuf Records. Quelles sont les racines de cet EP ? Qu’est-ce qui t’a inspiré dans le processus de création ?

J'ai commencé cet EP quand je suis retourné chez mes parents dans le sud de la France, sur la côte d'Azur. C'est un coin qui est super lumineux et vraiment régénérateur pour moi, parce que c'est là que j'ai grandi. J'ai un studio chez mes parents qui est exposé à toute cette lumière, ce dont je ne bénéficie pas forcément lorsque je suis à Paris. Ça m'a vraiment inspiré à faire des morceaux lumineux, avec beaucoup d'énergie, des accords majeurs... Souvent dans la house, on entend beaucoup d’accords mineurs. Là, je suis parti sur des sonorités majeures, donc plus joyeuses, tout en cherchant dans le même temps un côté un peu mystique. En été, t'as les journées qui s'allongent et t'as ce ciel bleu du soir qui dure vraiment longtemps. Et étant dans le sud de la France à ce moment-là, qui est un endroit au ciel très dégagé, j'ai été hypnotisé par ce moment de la journée.

J'en ressentais quelque chose de très profond. C'était un peu pour moi comme une porte d'accès à des émotions, des souvenirs, des trucs que je ne peux pas forcément mettre sous forme de mots, mais que je peux mettre sous forme de musique. J’ai essayé de représenter ça dans l’EP, même si c’était un processus assez complexe. En tout cas, c'est un projet qui est vraiment lié à l'été, aux soirées de cette saison-là, cette espèce de douceur, de plénitude, de sérénité. Tout ça avec l'énergie de la house.

Disponible sur le label Pont Neuf Records

Comment est-ce que tu démarres une track ?

Je commence souvent mes morceaux par les drums. J'essaie de créer une base rythmique solide. Parce que pour moi, faire un morceau, c'est un processus qui est fatigant, dans le sens où il faut trouver des idées, faire le tri. Et puis quand j'ai envie de produire quelque chose, j'ai une boule d'énergie en moi qui à besoin de sortir. Une fois que j'ai mes drums j'essaie de trouver une suite d'accords originaux qui me font vibrer et qui appellent à mes émotions les plus profondes, des souvenirs, des regrets, une nostalgie, une mélancolie. Lorsque j'ai enfin trouvé la suite qui me fait vibrer, qui me fait ressentir plein de trucs, je me dis « là, je tiens quelque chose et peut-être que je pourrais communiquer cette chose aux autres ».

Sur tes réseaux sociaux comme dans tes compositions, le piano et les claviers en général ont une place proéminente. On voit que c’est un instrument que tu affectionne tout particulièrement. Quelle relation entretiens-tu avec cet instrument ?

Le piano, c'est mon instrument natif. J'en joue depuis l'âge de 7 ans. Ça va faire 18 ans ! J'ai commencé par des cours de classique. Puis à l'adolescence, je me suis orienté vers le jazz parce que c'est vraiment ça qui me faisait vibrer. J'avais besoin de me libérer, de pouvoir improviser. Et le jazz, c'est une bonne porte d'entrée pour être capable de faire ça. J'ai donc pris des cours de théorie jazz, et à partir de ce moment-là, le piano est devenu un outil d'expression primaire ultra important pour moi.

Je jouais de la batterie pas mal aussi. Mais le piano, c'est quand même percussif comme instrument. Tu peux en jouer comme une percussion, comme de la batterie, tout en gardant l’aspect mélodique. C'est un instrument hyper polyvalent. Et en plus, quand tu as un synthé, tu peux faire tous les sons du monde. Il y a un côté pratique qui est indéniable.

Mais le piano, c'est aussi ma maison, c'est mon compagnon de vie au-delà de tous les amis et que je peux avoir. Il est toujours là. Et puis, je trouve ça esthétiquement magnifique. Les touches noires et blanches, je ne sais pas, c'est beau. C'est un truc de collectionneur, tu vois, de fétichiste presque.