Flabaire : "Quand j'ai compris que je n'avais pas à choisir un style, ça a été très libérateur."

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À l’occasion de la sortie de son nouvel EP « Be Here Now » et d’un all night long au Rex Club ce mercredi 30 avril, on a échangé avec Flabaire sur ses nombreuses casquettes musicales, du label D.KO Records à son alias Aboukir, l’ayant mené à explorer différentes esthétiques dans une démarche libératrice.

L’occasion aussi pour le producteur emblématique de la scène house parisienne de nous dévoiler ses influences, de raconter l’importance de son premier album - produit de manière “naïve” mais toujours profondément actuel - et d’évoquer ses projets futurs.

Tu possèdes une discographie impressionnante. Quelles sont tes affinités musicales ?

J’ai grandi avec le rock des années 60 et 70, j’ai toujours aimé ce qui était experimental et psychédélique (CAN, Pink Floyd, King Crimson, Soft Machine,…). Étant adolescent j’ai découvert la musique électronique club, et mon premier choc a été l’artiste allemand Pantha du Prince. Pantha du Prince était signé sur DIAL, le label emblématique d’Hambourg fondé par Peter Kersten aka Lawrence et Carsten Jost, ce qui m’a fait découvrir tout un monde. Cette scène deep house allemande m’a profondément influencé. Voici quelques noms de labels et artistes dans le désordre (liste non exhaustive): Smallville Records, Workshop, Move D, Lowtec, Efdemin, STL, Christopher Rau, Julius Steinhoff, Kassem Mosse,…

En entrant dans ce monde, j’ai cherché ce qui s’était passé avant pour comprendre cette musique, c’est là que j’ai découvert les origines de la house musique, les USA. Ron Trent, Larry Heard, Theo Parrish, Moodymann, MAW, Chez Damier, Paul Johnson, Mood II Swing et tant d’autres. Et selon moi, ce qui illustre peut-être le mieux cette connexion entre les Etats-Unis et l’Allemagne c’est Basic Channel (Moritz von Oswald & Mark Ernestus) pour qui je voue un culte. Comme l’a si bien dit Carl Craig “What we were doing in Detroit is we were making paintings. What they were doing was they were making sculptures.”

Bien sûr j’ai enfin été très influencé par toute la scène française, DJ Gregory, Daft Punk, Cassius, Motorbass, Pépé Bradock, I:Cube, Playin’ 4 The City,…

Entre ton projet Flabaire, le label D.KO Records et ton side project Aboukir, tu es un producteur et artiste très éclectique et sans frontières de genres. D’où vient cette versatilité et qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

Ma plus grande inspiration c’est la musique. Quand j’écoute quelque chose qui me touche, ça me donne envie à mon tour de créer, et comme la palette de musique qui me touche est vaste, ça ressort dans mon travail ce de cette manière. Quand j’ai compris que je n’avais pas à choisir un style plutôt qu’un autre, ça a été très libérateur.

Si tu devais retenir une date ou un projet en particulier depuis tes débuts ce serait lequel ?

Mon premier album “It’s Just A Silly Phase I’m Going Through” sorti sur D.KO Records en 2016 a été un tournant. J’ai réalisé que je pouvais m’affranchir du format EP, amener un autre niveau de profondeur à mon oeuvre, sortir des contraintes du dancefloor. Ça m’a aussi permis de rentrer en contact avec des artistes que j’admire énormément. C’est un disque qui a une place spéciale dans mon cœur, je trouve que même si la production était un peu naïve, l’intention et l’esthétique tiennent toujours la route presque 10 ans après.

Ton dernier EP « Be Here Now » dévoile une approche plus minimaliste. Quel a été ton processus de composition ?

Quand Thomas Melchior m’a demandé si je voulais lui envoyer des démos pour son label My King Is Light j’ai d’abord été très ému. Sa musique - solo ou bien à travers ses différents projets notamment Soul Capsule - a été une grande influence.

Je pense que inconsciemment j’ai essayé de m’en rapprocher, mais même en essayant de faire une copie conforme, ma personnalité ressort, la touche Flabaire. Ces morceaux sont nés dans un moment de ma vie ou le yoga et la méditation ont pris une place de plus en plus importante, et je crois que j’ai cherché à retrouver cette forme de clarté et de simplicité dans ma musique. Le fait de faire de la musique pour Thomas Melchior qui est une figure majeure de la minimal house m’a permis d’une certaine façon de m’autoriser à ne pas surcharger, à faire quelque chose de plus dépouillé.

Quels sont tes projets à venir ?

Je sors très bientôt un EP sur le label français Skylax Records. Je sors aussi un morceau sur le label de Detroit 7daysENT, c’est le label de Big Strick (le cousin d’Omar S). C’est vraiment un honneur d'apparaître sur cette compilation. J’ai aussi un morceau puis un remix à venir sur Common Labour, un label que j’adore basé à Helsinki. Et enfin un remix pour Monokultur sur le label libanais Feedasoul.