À écouter : 40 tracks de producteurs.trices de la scène électronique toulousaine avec Egregore

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Samedi 4 février, le collectif, label et studio Egregore fête ses 6 ans au Metronum. Rencontre et sélection de 40 producteurs et productrices de Toulouse pour (re)découvrir sa riche scène électronique. 

Comment s’est créé Egregore ? Quelles sont aujourd’hui vos différentes casquettes ?

Tout est parti de l’envie d’Arnaud (aka Algo_Riddim) de créer une plateforme d’échange et de diffusion pour mettre en lumière les acteurices de la scène électronique underground locale, autour de laquelle il gravitait depuis quelque temps. La rencontre de Maxence aka Squadra l’été 2016 a initié la concrétisation du projet en déployant une programmation de mixes préenregistrés sur un serveur webradio fait maison. Le projet s’est petit à petit construit bénévolement grâce à la motivation et au savoir-faire de chaque membre.

6 ans après, Egregore gère toujours une partie webradio dont le studio est hébergé au sein du Metronum à Toulouse. La programmation accueille 70 résidences d’artistes et de collectifs de Toulouse (30), de France (35) et plus loin (5). Chaque résident·e crée et développe ses émissions radio tout au long de la saison. Elles sont diffusées en différé ou en direct depuis notre site internet www.egrego.re, puis sont disponibles sur notre Soundcloud.

En parallèle on propose aussi des takeovers, des formats radio où on s’associe avec une structure, généralement le temps d’une journée, pour lui permettre de faire la promotion d’un événement comme une soirée ou la sortie d’un EP. On propose aussi des plateaux radio hors studio, dans des lieux comme des bars ou des studios d’enregistrement, pour des évènements/émissions spécifiques.

Au-delà de l’aspect diffusion, le studio nous permet de mettre à disposition un espace et du matériel aux artistes et collectifs pour venir enregistrer, s’entraîner, échanger ou encore louer du matériel. Enfin le studio nous permet aussi d’expérimenter des choses comme la mise en place d’ateliers de cours de mix.

Egregore, c’est aussi un label orienté bass music et qui est géré par Arthur aka Qant. On a signé depuis 2018 une cinquantaine d’artistes d’ici et d’ailleurs qui ont affirmé notre penchant pour la jungle, le dancehall, la dubstep, les breaks, le UK funky, la grime, et autant de genres et sous genres qu’offre la bass music.

EGR013EP – Blistering EP by Fleksor

Vous fédérez activement la scène toulousaine. Comment la décririez-vous au regard d’autres scènes françaises ?

La scène électronique toulousaine est active depuis de nombreuses années et regroupe énormément de propositions à l’empreinte bass music. Il y a une grosse histoire drum and bass/jungle avec des pionnier·es comme Vandal Records, Le Lutin, Redeyes ou encore Elisa Do Brasil (aujourd’hui basée à Paris), une scène house/techno avec notamment High Maintenance in Toulouse et Fall Industry, dub/soundsystem avec les Zongo Sound, I-Station ou Redline, sans oublier les projets souterrains des collectifs Folklore et Ruff Club qui investissent dessous de ponts, entrepôts et bordures de rocades pour promouvoir la “fête libre”.

On aimerait aussi souligner qu’une grande partie de cette scène est amatrice et bénévole. De nombreux collectifs locaux non professionnels font vivre cette effervescence locale : Aïra, Mouvance Sonore, Cluster, Effet Tunnel, Baccus Social Club, Outlines, S.OROR, Parmenides, Zbeulance Collective et bien d’autres encore à retrouver sur notre programmation radio.

Depuis quelques années des collaborations entre collectifs et de beaux projets naissent et parfois se pérennisent comme le secret “Comité des fêtes”, une organisation inter-collectifs qui produit une soirée tous les deux mois. De plus en plus de festivals prennent vie comme le Bel Air, l’Atom ou La Cavale qui sont le fruit de ces collaborations entre collectifs et proposent des expériences à taille humaine.

Enfin, concernant les capacités d’accueil des salles toulousaines pour nos organisations, Toulouse est dans un entre-deux avec de très grosses salles ou des caves de bars. Il manque un club de capacité moyenne, et accessible financièrement aux productions locales qui pourrait leur laisser un espace de développement. On rêverait d’avoir un tiers-lieu type laboratoire des musiques électroniques avec une grande salle inter-collectifs, des espaces de recherche, etc. qui nous accueillerait toustes. 

Un ou deux temps forts dans vos 6 ans ?

On a dans le collectif ce goût commun pour la bass music qui vient du Royaume-Uni, héritage de la culture soundsystem caribéenne avec jungle, dancehall, breaks, dubstep, dub, UK funky…

En 2018, Arthur nous a fait part de son envie de lancer un label qui permettrait de mettre à l’honneur le spectre musical qui nous rassemble. C’est ainsi que notre premier various, mettant à l’honneur des artistes toulousain·es, est sorti en juin de la même année. On produit majoritairement des artistes français·es dans différents formats : des EP solo, des Various Artists, des EP gratuits et solidaires, et des sorties vinyle.
On est aujourd’hui à 27 releases et vous pouvez écouter tout ça sur notre Bandcamp. À noter qu’un prochain disque arrive très prochainement, c’est un peu un demi-temps fort quand même avec l’état actuel de l’industrie de pressage !

Un deuxième moment fort dans l’évolution d’Egregore, c’est évidemment l’accès à un studio physique début 2022, après les 2 ans de Covid-19, qui donne une dimension complètement nouvelle au projet. C’est la possibilité de faire du vrai direct, de rencontrer et d’échanger de manière plus spontanée avec les artistes en résidence ou de passage.

Cette installation au Metronum est un premier pas dans une belle salle de spectacle reconnue localement. En plus de poser une reconnaissance sur notre activité, cette résidence nous permet de proposer des réalisations plus concrètes aux yeux des institutions et d’amener une scène musicale jusque-là peu visible dans la programmation de cette salle.

Comment avez-vous sélectionné les artistes présent·es dans la playlist ?

Dans cette playlist, on a voulu représenter un maximum les scènes alternatives et émergentes toulousaines avec les collectifs, groupes et producteurices qu’on apprécie.

Elle est donc assez éclectique avec du rap et des artistes montant·es comme Fxll ou Realo et le producteur Simala, rok.wav ou Enae, du rock punk avec Cathédrale, des hybrides drum and bass avec Jan Loup, Forum, Monty ou Redeyes, des sons dancehall du label fait par les producteurs du crew avec Kaval et Stacktrace, des tracks plus breakées avec Bernardo… La liste est longue.C’est un premier échantillon et il ne faut pas hésiter à aller digger sur les comptes Soundcloud et Bandcamp de toustes ces artistes parce qu’il y a pleins de belles choses qui ne sont pas sur Spotify et qui valent le coup, comme davantage de projets de Simala, le label Folklore et Maquis Son Sistèm, des compilations et solo EPs Bandcamp exclusifs… 

Vous pouvez suivre Egregore sur leur site, Bandcamp, Souncloud et Instagram. Toutes les informations sont à retrouver sur l’événement Facebook des 6 ans d’Egregore au Metronum samedi.