Il y a quelques semaines, nous nous sommes rendus à un festival qui dénote particulièrement dans le vaste univers de la fête à l’anglaise : Gottwood. Niché dans un coin du Pays de Galles, Gottwood a su faire ses marques grâce à plusieurs aspects : un cadre on ne peut plus bucolique car on se trouve au milieu d’une forêt à 2 pas de la côte et des plages galloises, un line-up très pointu où chacun peut trouver son compte et surtout une ambiance très familiale. L’atmosphère du festival est un des points qui font sa renommée, car malgré le fait qu’il s’agisse de la neuvième édition, les organisateurs ont toujours veillé à ce qu’il n’y ait pas plus de 5 000 participants. Récit d’un voyage dans un autre univers, qui nous apprend qu’en matière de festival, les anglais ont toujours une longueur d’avance.

Pour se rendre à Gottwood lorsqu’on vient de France, il faut s’armer d’une certaine patience car du fait de son caractère « loin de toute civilisation », le lieu du festival se trouve à 20 minutes de la petite ville d’Holyhead. Le voyage n’est toutefois pas désagréable, il permet de découvrir le Pays de Galles profond et ses magnifiques bocages. Ce fut également l’occasion de découvrir la charmante petite bourgade de Llanfair­pwll­gwyn­gyll­go­gery­chwyrn­drobwll­llan­tysilio­gogo­goch, qui détient la palme – comme vous pouvez vous en douter – du nom le plus long d’Europe. Une fois arrivé à Holyhead, une navette nous emmène sur lieu du festival où les festivités avaient déjà commencé depuis quelques heures.

Plutôt que de se lancer dans une chronologie des 3 jours passés hors du temps dans la campagne galloise, voyons les différents points qui font de Gottwood le plus grand des « petits » festivals anglais.

Un cadre magique

Quand on se ballade sur le lieu du festival, on ressent une certaine féerie. Le noyau se situe autour d’une ancien complexe fermier réaménagée implantée au bord d’un lac, dissimulée dans une forêt située à quelques centaines de mètres des plages naturelles de la côte galloise. Le temps exceptionnel qu’on aura eu tout au long des festivités aura bien entendu contribué à rendre l’expérience des plus agréables mais le cadre reste un des moteurs du charme propre à Gottwood. Nous aurons même l’occasion d’aller nous ressourcer, comme beaucoup de festivaliers, sur la plage la plus proche.

Au coucher du soleil, les lumières entourant le lac s’illuminent et contribuent à l’aspect enchanteur et les badauds peuvent se poser au bord du lac, ou bien se ballader en en faisant le tour tout en admirant les fontaines ainsi que la cascade artificielle. Tout le lieu est implanté dans une forêt bucolique et suffisamment large et épaisse pour qu’on se sente dans un microcosme.

Crédit Photo : Here & Now

L’art de la scène

Une grande intention est apportée aux différentes scènes (10 au total). Elles sont de taille et d’aspect variable. La scène The Mother Owle verra les djs jouer nichés dans une sculpture de hibou en bois de taille impressionnante, Ricky’s disco accueillera les danseurs dans une hutte réaménagée en piste de disco, Treehouse dénote par ses hautes murailles de paille, … À chacune son identité propre donc.

Le système son n’est pas non plus en reste, le rendu est globalement satisfaisant sur les scènes. On peut apprécier un son suffisamment clair et équilibré avec une puissance de basse tout à fait convenable. On peut également rester une bonne partie de la soirée en première ligne sans pleurer sur le sort de ses oreilles le lendemain matin.

Le fait qu’il n’y ait pas vraiment de « scène principale » contribue à donner envie de visiter chaque lieu. En effet, la scène la plus importante en termes de taille, accueille principalement des lives et le registre qu’on y entend est plus posé qu’énervé. Beaucoup de festivalier l’utilisent principalement pour se relaxer entre amis au bord du lac. Ainsi, on ne se retrouve pas avec une méga scène où s’enchaînent les headliners et des scènes annexes où se produisent de petits artistes. Ici, les créneaux et les scènes sont bien répartis entre artistes, connus ou non, ce qui facilite la découverte.

Crédit Photo : Here & Now

Une ligne artistique très pointue

L’un des intérêts de Gottwood, c’est que le festival dépasse totalement la philosophe qu’on retrouve assez souvent dans le milieu de la musique électronique, où de très grosses pointures vont amener le gros des troupes et où la place laissée à la découverte est souvent plus restreinte.

Ici, parmi les headliners on retrouve Move D, Hunee, Margaret Dygas, Ben UFO ou encore San Proper, le tout sur un plateau regroupant une petite centaine d’artistes, collectifs ou encore groupes. On navigue donc à travers beaucoup de styles différents : disco, micro, house, techno, breakbeat, reggae, … Il est très difficile de ne pas trouver son compte pendant qu’on se ballade de scène en scène. Le son passant l’après-midi a toutefois tendance à rester plutôt posé, si vous êtes fan de techno ou de Drum’n’Bass, il faudra attendre le coucher du soleil.

Durant nos 3 jours de festival, pas mal de prestations nous restent en mémoire. L’inégalable Move D le samedi en début d’après-midi qui passera des skeuds avec son bébé dans les bras, ce dernier jouant même le rôle de chauffeur de salle, Archie Hamilton et Enzo Siragusa en back  2 back le jeudi soir, la légende DMX Krew et son live dynamitant du vendredi soir ou encore le groove lancinant de Margaret Dygas le samedi soir, dans un décor de salle de disco. On mentionnera aussi rapidement les petits coups de coeur que furent les sets de Mella Dee, Wayne Holland, Secretsundaze, Shed, Tristan Da Cunha, Djrum, des crews Wolf Music et Stamp The Wax – on se remet pas de « Love Your Brother » au coucher du soleil sur la scène The Lawn-, ou encore Ben UFO.

Tous les styles représentés donc, avec une légère dominance house. Le festival ne suit toutefois pas un format musique non-stop, les premières prestations débutent à 10h et les dernières finissent entre 2h et 3h30, ce qui laisse toutefois largement le temps d’apprécier la qualité des différents artistes.

Crédit Photo : Here & Now

Au-delà d’un festival, une véritable communauté

C’est indéniablement là que Gottwood a su frapper fort : son ambiance familiale. Malgré 9 années d’existence, le nombre de festivaliers ne dépasse pas les 5 000 et c’est totalement voulu et assumer par les organisateurs. Plutôt que se lancer dans une course à la taille, les organisateurs se concentrent sur un événement avec une jauge de participants qu’il maîtrise et peuvent ainsi offrir une expérience sur mesure.

L’un des plus gros avantages de ce parti pris est bien entendu l’ambiance tout au long du festival, avec une ambiance assez familiale. Le public est essentiellement anglais, nous n’avons croisé aucun étranger durant l’ensemble du festival mais tout le monde était très amicale et ouvert. Arrivés à 2 et ne connaissant personne, on ressort de Gottwood en ayant fait de nombreuses rencontres, tout le monde étant très ouvert, accessible et sympathique avec bien entendu le côté déjanté qui fait le charme des anglais. En effet, on constate que le festival finit par ramener une proportion non négligeable d’habitués qui ont trouvé en Gottwood un petit îlot de bonheur encore caché du grand public. On aura d’ailleurs pu constater que plusieurs artistes sont également sous le charme du festival, comme Move D, croisé un matin flânant avec sa femme et son bébé et qui a joué 3 fois d’affilé durant tout le festival.

Un autre point qui rend le festival immersif est l’aspect village. En effet, lorsqu’on entre dans l’enceinte de Gottwood, on tombe sur une clairière entourée de magasins éphémères, allant de la friperie au stand à accessoires. Les friperies sont particulièrement sympas, avec des décorations à la croisée entre le tipi indien et le club des 80’s. Un peu partout on retrouve également de nombreux stands d’animation, du yoga à Love & Specs, en passant par un dresseur de perroquets. A proximité de chaque scène et à l’entrée on retrouve aussi beaucoup de food trucks, la plupart proposant de bons plats à des prix raisonnables. Attention toutefois, la qualité peut être variable.

Crédit Photo : Here & Now

Enfin, peut-être qu’un des seuls points négatifs est le manque d’équipements sur place pour les campeurs. Il n’y a pas de lieu où recharger ses appareils à part un camion proposant des prix indécents. Niveau hygiène, quelques douches sont proposées mais il faut s’armer de patience à certains horaires et compter un prix d’1£ la minute. Concernant les toilettes, il s’agit de la pire épreuve du festival. Observez bien celui ou celle qui pleure le moins en sortant d’une des chiottes de la rangée et prenez les siennes. Mais bon, la question de la salubrité des WC reste une notion abstraite en festival. Pour finir, il faut tout de même saluer la gentillesse et la prévenance du service de sécurité du festival, toujours souriante et prête à renseigner.

On reviendra !

Globalement, Gottwood est une super expérience à vivre si on veut partir entre potes et s’immerger dans une ambiance différente de ce qu’on peut retrouver dans l’hexagone ou en Europe au sein des plus gros festivals.

La région d’Anglesey est magnifique et permet de découvrir un coin relativement méconnu du Royaume-Uni. Le cadre du festival apporte une grande plus-value et l’effort de décoration apporté est conséquent, la scénographie se mélangeant habilement avec l’environnement forestier. Ce festival est également fait pour vous si vous souhaitez être dans un milieu préservé, loin des machines événementielles qu’on peut retrouver ailleurs au UK, tout en profitant d’une véritable ambiance festive.

Sur le plan artistique, le festival offre un grand panel de styles de musique différents mais si vous ne jurez que par la techno indus, ce n’est pas forcément le bon endroit pour vous. Si toutefois vous êtes un fan de house et de disco, vous serez au paradis. Enfin, si le côté immersif vous intéresse, vous ne serez pas dérangé par les touristes mais le public local, lui, saura très bien vous recevoir !

Photo : Here & Now

 

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