Photo en une © David Boschet
Du 6 au 8 juillet dernier, la ville de Brest accueillait la 23ème édition d’Astropolis. Chaque année, passionnés de techno et de fête reviennent pour la qualité des artistes programmés mais aussi et surtout pour cette ambiance si particulière. On est allés sur place pour vous raconter.
Vendredi 6 juillet : quart de finale, Vinyle Market & Astroclub 100% techno
On embarque dans le train pour Brest. Sur le trajet, ça parle line up et ça s’organise pour les apéros du weekend. C’est bon, on est dans le bon train. Au fil des arrêts dans les villes bretonnes, voit arriver de nouveaux festivaliers (un festivalier d’Astropolis se différencie facilement d’une petite famille qui part en vacances). À travers la fenêtre, on aperçoit déjà la mer. Bizarrement, le soleil tape bien, le ciel est dégagé et les températures dépassent largement les 20°. On va pouvoir vivre une édition clémente niveau météo, ce qui n’est franchement pas systématique il faut le reconnaître (petit clin d’œil à ta paire de baskets qui ne s’est jamais remise des 10 centimètres de boue de l’an dernier, ou l’an d’avant – on ne sait plus trop).
15h08, on arrive en gare de Brest. Beaucoup de maillots de l’équipe de France, ce qui nous rappelle que l’événement du jour, qu’on se le dise, c’est avant tout le quart de finale de coupe du monde de foot entre la France et l’Uruguay. On n’oublie pas pour autant le but de notre venue et on se dirige vers le centre d’art contemporain de la Passerelle qui une fois de plus accueille le Vinyle Market.
Les quelques disquaires invités (on vous en parlait déjà ici) se partagent la salle principale. Le bar est installé et Radio Campus assure une émission directement depuis la grande salle. Certains artistes jouant à « Astro » (comme on dit là-bas) y seront invités pendant le weekend. On pense par exemple à Madben qui a pu parler de sa collaboration avec Laurent Garnier sur l’EP « MG’s Groove« .
Vinyle Market @ La Passerelle – © Axel Fontaine
Côté animation sonore, c’est le collectif Bad Seeds qui est derrière les platines pour un set plutôt ambient. Il y a peu de monde pour le moment, en apparence en tout cas. Des cris et autres sortes de beuglements venus du fond de la salle nous rappellent que la France est en plein match. L’organisation du festival a pensé à tout et a installé un écran géant dans une des pièces du centre. La France gagne 2-0, tout le monde revient petit à petit déambuler entre les stands et donner du travail aux bénévoles derrière le bar.
Le soir, après un passage au bistro du coin où piliers de bars et festivaliers en phase d’excitation avancée se mélangent, direction l’Astroclub pour une soirée 100 % techno. Au programme : JK3000, Ancient Methods, Peter Van Hoesen, Dj Pete et Aleksi Perälä. La soirée est inaugurée par JK3000, jeune DJ rennais, et un des gagnants du concours tremplin. Une dizaine de personnes seulement est là pour le début du set, mais ça gueule et ça se déhanche déjà comme en peak time. Bienvenue à Astropolis. De quoi donner le ton pour JK3000 qui nous a avoué avoir un tout petit peu le trac avant d’aller s’installer dans le booth – normal quand on a connu Astropolis en tant que festivalier et qu’on se retrouve à inaugurer l’événement. Encore plus quand il y a Ancient Methods qui joue juste derrière.
Quand Ancient Methods arrive, la salle est déjà pleine et l’ambiance survoltée. Il faut croire qu’il était attendu. Pas surprenant tant l’ascension de cet artiste a été fulgurante en 2017, surtout qu’il proposait ce soir là un live atypique avec batterie électronique, guitare, chants et même un trombone, accompagné par Wahiba Van Der Bled.
Samedi 7 juillet : open air Beau Rivage, Mix’N’Boules, astrokids et la forêt enchantée du Manoir de Keroual clôturée par Laurent Garnier
On retourne au Vinyle Market. C’est le collectif rennais OND qui est convié cet après-midi. En plus des DJs du collectif qui se succèdent derrière les platines, OND propose une performance audiovisuelle immersive dans une des nombreuses salles de La Passerelle. Le procédé est assez étrange mais le résultat hypnotique, le tout sur un fond de musique ambient et expérimentale. Ça parait anodin, mais c’est pour ce genre d’expériences qui va un peu au-delà de la musique qu’on aime Astropolis. C’est aussi pour ça qu’on vous conseille d’y faire un détour un jour dans votre vie.
Performance audiovisuelle de OND @ La passerelle – © Simon Rozec
Après ça, on décide de marcher vers Beau Rivage pour l’open air le plus attendu de tout l’Ouest. Mais avant, deux étapes s’imposent : le tournoi de pétanque Mix’N’Boules et l’Astroboum.
Mix’N’Boules, c’est un tournoi de pétanque sur fond de musique. L’ambiance est bon enfant. Ça tire et ça pointe au rythme de la house énergique jouée par le collectif Radio Lune. Sur les bords du terrain, les habitués de la place sont bien amusés par le spectacle. Les sets et les matchs s’enchaînent, mais malgré la beauté du jeu, l’heure tourne. Or:la commence bientôt son set mais on s’est promis de passer à l’Astroboum, la teuf des moins de dix ans.
Ici, c’est sortie en famille. On tente quelques interviews avec des astrokids qui semblent plus intéressés par le ventriglisse géant et l’atelier maquillage que par la piste de danse. Tant pis pour eux. Ils auront le temps de découvrir ça plus tard, les parents quant à eux se régalent.
17h, nous voilà arrivés sur un Beau Rivage plein à craquer. D’année en année on dirait que l’affluence augmente considérablement pour cet événement. On se pose sur une des butte qui surplombe l’open air : meilleur spot pour admirer les courageux qui dansent en plein cagnard depuis midi et demi ou les parents qui venus taper du pied avec leurs enfants (on voit ça qu’à Astro).
Future teufeuse @ Beau Rivage – © Simon Rozec
Tout va bien jusque là, mais il y a un truc qui cloche. Il est 17h bien passé et la personne derrière les platines ne ressemble pas vraiment à Or:la. On apprend qu’elle a loupé son vol. Tristesse. On s’en remettra assez vite, surtout grâce à Kosmopolite Music qui termine le boulot en beauté.
20h, pas de temps à perdre, un tour à l’appart loué pour l’occasion (big up à Catherine pour l’accueil) pour prendre une petite laine, et départ pour le Manoir de Keroual.
Arrivés sur le site, on retrouve cette ambiance si féerique qui fait tout le charme du festival : une forêt, un vieux manoir, des chapiteaux, des illuminations dans les arbres, des auto-tamponneuses, une grande roue… bref, un mélange de forêt enchantée et Neverland (RIP MJ) version musiques électroniques.
Espace chill @ Manoir de Keroual – © Axel Fontaine
En tant que rennais de souche, on va supporter nos concitoyens du collectif Texture, H.Mess & Yann Polewka, qui s’occupent de chauffer l’Astrofloor. Le premier est habitué des sets technos, pendant que le 2ème est bien plus orienté house. On vous recommande d’ailleurs ses productions qui commencent à attirer l’attention au niveau international (cf son dernier ep pour Roots For Bloom). Le résultat : de la house, du groove et de l’énergie. Parfait pour l’échauffement.
Ensuite direction la Cour, la scène au pied du manoir de Keroual. Scène où les installations visuelles sont souvent les plus prenantes. Not Waving se produit en live au moment où on arrive. C’est une (très agréable) découverte pour nous qui ne le connaissions pas. Le style musical change un peu de ce qu’on peut entendre à Astropolis, une techno aux influences post-punk et new wave. Style qui est revenu en trombe ces derniers temps. Les britanniques déçoivent rarement. Ça s’est encore vérifié.
Sur la même scène, plus tard dans la nuit, on a bien aimé le set varié de Doc Daneeka en b2b avec Medlar. Gros moment de douceur quand ils nous passent « Peace Of Mind« , le somptueux morceau de Claro Intelecto.
Manoir de Keroual © David Boschet
Changement d’ambiance avec la scène Mekanik, point de chute des fans de hardcore. Ce style est rarement mélangé aux autres dans les festivals de musique électronique « classiques ». Mais ces festivals ne sont pas nés d’une rave party, comme c’est le cas pour Astropolis. Cette scène y est donc plus que légitime. Et même si on n’écoute pas de techno hardcore on décide quand même d’aller y faire un tour. Au final, on se retrouve à écouter de l’italo-disco avec le CLUB Z1Z1. Un grand moment.
Cent mètres plus loin, on atterrit au Dôme, la scène tremplin du festival. Avec un dancefloor à taille humaine et une scénographie travaillée, l’ambiance est très intimiste. Une fois qu’on y est, on a envie d’y rester. Et c’est aussi bien sûr grâce à la qualité des sets et des lives qu’on peut y écouter. Parmi eux, on retiendra la performance de 440Hz. Un live aux frontières de la techno et de la house, avec une petite dose de drum machine et une grosse dose de mélodies. On a d’ailleurs pu s’entretenir un peu avec lui pour connaitre un peu son ressenti après sa prestation :
J’étais épaté par l’enthousiasme du public. Un live, c’est pas évident à jouer. Tu peux pas savoir la réaction des gens, mais là, j’ai ressenti un vrai partage. Je me rappelle me dire au closing « profite putain ! Tout ce travail en amont, c’est maintenant qu’il faut gérer. » J’ai laissé ma partie mélodique beaucoup plus longtemps que prévu. Les gens étaient réceptifs, ça change du public « allezzzz la ! ». Mention spéciale à Blutch pour sa petite olive durant mon set, une façon de me déstresser qui fonctionne bien ! » 440Hz
Côté Astrofloor, c’est souvent les plus gros noms qu’on retrouve (comprendre les artistes qui sont les plus médiatisés). On parle ici des habitués d’Astropolis, Nina Kraviz donc, et Laurent Garnier au closing. Comme on pouvait s’y attendre pour ces deux là : une grosse affluence, des missiles à tout va pour Nina, et pour tonton Lolo, un voyage entre les styles géré d’une main de maître pour ne rien changer aux habitudes.
Terminer un Astropolis par Laurent Garnier, c’est toujours un symbole fort, lui qui était là aux tous débuts du festival dans les années 90. Mais terminer un Astropolis, c’est aussi et toujours un petit déchirement. Ça veut dire que la fête est finie et qu’on devra attendre une année pour retourner à Keroual.
Laurent Garnier @ Manoir de Keroual – © David Boschet
Pour se rassurer, on se dit qu’il y a toujours Astropolis l’Hiver, la Spring à Keriolet, et plus prochainement, la Fortress au fort de Penfeld.
On peut donc sécher nos larmes et se donner rendez-vous le premier weekend de 2019 pour les vingt cinq ans du festival. À l’année prochaine !