Avec plusieurs EP remarqués en 2016 et un univers musical élégant et profond, le duo Chaos In the CBD se démarque largement de la scène house depuis quelques années. La recette ? Un joli panel d’influences et une légère manie à nous surprendre lors de chaque nouvelle sortie.

De passage à Paris en décembre dernier pour un extended set au Djoon, les deux compères ont réussi à nous montrer ce qu’il savent manier à la perfection : donner du groove en prenant racine dans des productions house 90’s tout en posant des morceaux plus lents, mélodiques et atmosphériques. Une marque de fabrique chez ce jeune duo, qui semble aussi bien attaché aux origines de la house, qu’à des sonorités plus subtiles et profondes.

Retour sur l’univers inspirant et sexy de Chaos In the CBD.

Les années 2010 –  Youngunz, ClekClekBoom & more…

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C’est en 2011/2012 que les frangins Ben et Louis Helliker-Hales commencent à faire parler d’eux. Et pas n’importe où : à Paris, sur des labels tels que YounGunZ et ClekClekBoom (Rappelez-vous le crew French Fries, Manaré et Bambounou). 

On y retrouve de jolies choses, aussi diverses soient-elles. Comme par exemple le morceau “Birthday Song”, reprenant le vocal de Diana Ross dans Ain’t No Mountain High Enough sous fond de synthé acidulé avec des sonorités un peu plus trash

Mais aussi l’EP Never Ending avec le sexy “So Proud” et des productions à la sauce ClekClekBoom portée par une bassline aussi saccadée que saturée (“Rolling 84’s”).

En 2012, leurs sorties semblent davantage axées clubbing, avec notamment l’EP Dusty Sundays sur Amadeus Records. Le track éponyme de l’EP offre quant à lui une house efficace et sexy.

En 2014, les frangins brouillent clairement les pistes en sortant l’EP Delorean Dreams, plus tapageur et techno sur le label londonien Hot Haus Records. Composé de trois morceaux (en comptant un remix signé Legowelt), la ligne directrice (s’il y en a une) de Chaos in the CBD semble envolée ! Alors que le premier track – éponyme lui aussi – cogne à pleine puissance comparé à leur habitude, “Okinawa Race 1” se concentre davantage sur la rythmique : notre préférence se porterait sur ce dernier. 

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : la fratrie aime le groove. Subtilité qu’ils manient à la perfection et caressent même les yeux fermés. La preuve avec l’excellent “816 To Nunhead”, véritable tube et arme fatale de dancefloor qui fait frétiller les oreilles des filles et leur donne l’envie d’une dernière danse…


2015-2016 – Rhythm section x Mule Musiq : le tournant jazzy

Si leur nom vous intrigue, Chaos in the CBD fait référence au quartier où ils avaient l’habitude de sortir et écumer les clubs en Nouvelle-Zélande (comme le révèle une interview donnée à Trax). Originaires d’Auckland, les deux frangins sont installés depuis peu dans le sud londonien, à Peckham, chef lieu du label Rhythm Section qui a fait voir le jour à “Midnight in Peckham” en 2015. Un EP composé de 4 morceaux empruntant leur essence dans le broken beat et le jazz. 


À l’écoute de cet opus, il est clair que le duo s’est doté d’une nouvelle patte. On retrouve en effet un son plus posé, agrémenté de notes jazzy. Sobre et élégant, il nous fait voyager sans artifices. « Luxury Motivation » retient tout particulièrement notre attention : prenante et mélodieuse avec ses notes de piano, rehaussée d’un coup de charley. Le sample fonctionne à merveille, et la boucle continue de plus belle. Un véritable luxe pour les oreilles…

« Observe« , avec son jazz fusion et son tempo progressif légèrement crescendo, rappelle des influences à la Henry Wu (et ça n’est pas un pur fruit du hasard, également signé chez Rhythm Section) ou plus récemment l’univers de Yussef Kaamal.

Dans la même lignée, l’EP Invisible Spectrum, sorti en 2016, démontre l’inclinaison certaine des frères pour une mouvance jazzy dans leurs productions house et deep house. 

Derniers joyaux de l’année 2016, l’EP Digital Harmony et le petit dernier « Subterranean Storm« , sortis sur le label Mule Musiq, atteignent un autre niveau. Tout droit dans le cosmos. Véritable voyage dans l’espace, ce morceau est une petite prouesse pour se détourner du quotidien. Plongé dans la deep la plus totale, l’EP dévoile la seconde facette des deux artistes, s’orientant volontiers vers une profondeur aussi subtile que sublime. Loin de leurs premières productions, ils apportent quelque chose de nouveau et planant.

Afin de rester dans l’infini cosmos et terminer ce beau voyage avec délicatesse, « Spheres » semble boucler la boucle de ce fabuleux duo. 


Dernier rebondissement en date, Chaos in the CBD viennent tout juste de créer leur propre label, intitulé In Dust We Trust ! Leur première release sortira le 14 février prochain, à savourer pour un moment rempli d’amour.

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