Photo en une © David Gallard
Nantes c’est : le château des Ducs de Bretagne. Le LU. La Loire. Les Machines de l’île. Mais Nantes, en termes de musiques électroniques, c’est aussi Scopitone. Pour sa 17ème édition, le festival dédié aux arts numériques nous a prouvé son regard éclairé sur sa ville et sa structure, et a prouvé qu’il s’est mu en véritable emblème de Nantes pour faire vibrer la métropole pendant presque une semaine à la fin du mois de septembre. Nous y étions, on vous raconte.
Installé en plein coeur du centre-ville, éparpillé sur les sites nantais les plus symboliques, Scopitone s’assure d’un festival intelligent et audacieux pour un large public. De jour comme de nuit, le vagabondage dans la ville nantaise est permis. Des expositions et performances font découvrir aux plus jeunes (ou aux plus vieux) d’entre nous la virtuosité des artistes qui maîtrisent les arts numériques. L’installation de Robert Henke impressionne par sa beauté organique, et on retient également la performance de Nonotak qui nous aura fait frémir sous le dôme du château des Ducs de Bretagne. Le festival nantais est, pour ainsi dire, une boite de pandore où la créativité n’a pas de limites. Pendant quelques jours, les Nantais ont ainsi la chance de découvrir de nouvelles façons de concevoir le monde.
La nuit, ce même public se retrouve sous les Nefs des Machines de l’Île pour les Nuit Électro, version musicale de la sélection de Scopitone. Retour sur les soirées phares de Scopitone, les Nuits Electros, où on a eu le plaisir de bouger tout le week-end avec une programmation éclectique et avec des artistes qui nous ont parfois bien surpris.
Vendredi, une soirée de lancement projetée dans la cour des grands
Pour inaugurer ce week-end musical, Scopitone voit grand et veut épater. On reconnait le succès de cette entreprise : une décoration épurée mais hypnotisante. On se laisse aisément guider par les lumières, voguant entre les salles du Stereolux et de la « Boîte », scène installée à l’occasion sous les Nefs. Le vendredi est marqué du signe de la grandeur.
Les premiers à nous donner le vertige sont HVOB. Révélation du Sonar il y a quelques années déjà, le live du duo autrichien était attendu. Anna Müller et Paul Wallner se sont ainsi transformés en véritable magiciens jusqu’à nous envoûter dans leurs nappes brumeuses. Le public est conquis par la douce voix d’Anna, en harmonie avec leurs mélodies planantes. Une ouverture bien poétique pour ce festival aux sonorités manifestement très lunaires.
Changement de dimension avec Luke Slater et Paula Temple, qui se succèdent dans la Boîte. L’installation de Physis nous propose une scénographie conceptuelle aux formes organiques, qui réagit au rythme et aux kicks. La boîte se transforme en un espace de liberté, où les deux doyens se font plaisir à nous déverser une techno brutale aux kicks incessants. La nuit se conclue par un public électrique qui attend avec impatience l’arrivée de l’incontournable DJ russe, Nina Kraviz. Celle-ci nous étonne par sa technique en jouant un set à trois vitesses, naviguant entre IDM, rave et échos intergalactiques.

© David Gallard – Scopitone 2018
Samedi, la soirée des « talents »
Si le vendredi s’est caractérisé par la folie des grandeurs d’un festival astucieux, le samedi fut le soir des révélations. Le mot d’ordre pour la soirée ? Rester à la salle Micro.
Wwwater, Myako et Sentimental Rave se donnent l’une après l’autre la tour de contrôle et chacune brille de leur génie. C’est Charlotte Adigery, avec son side project Wwwater, qui déclenche l’incendie. L’égérie de l’écurie Deewee nous impressionne par la puissance de son live, et nous rappelle LCD Soundsystem et les artistes du label DFA Records. Son énergie communicative enflamme le public. Myako reprend les rennes et nous emmène encore plus loin. L’artiste retrouve ses origines et Scopitone peut être fier de son produit nantais. Audacieuse, la star montante du collectif Qui Embrouille Qui nous fait voyager dans l’espace avec un set brillant d’intelligence, à la croisée des genres. On reste là, médusé par la finesse du spectacle. Sentimental Rave, figure montante de la scène parisienne, finit de nous charmer avec son set intense et solide, aux accents trances des années 90. Un autre intellectuel, Max Cooper, nous a hypnotisé de sa techno planante accompagnés de visuels de science-fiction. Miss Kittin et The Hacker, reformation inédite du couple, ont terminé la soirée en beauté en nous déversant une farandole de tubes électro.

Myako © David Gallard – Scopitone 2018
Le week-end s’est conclu par un après midi proposé par les Goutez Électroniques, en coopération avec Scopitone. Malgré un temps défavorable, c’est un véritable succès pour cet open air aux accents breakés. S.O.N.S, maître de sa collection pointue de vinyles, nous fait danser devant un coucher de soleil plongeant dans la Loire. Une conclusion magistrale pour un week-end musical réussi. Vous aurez compris, on vous conseille de s’y essayer l’année prochaine.
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Report réalisé par nos reporters Benjamin et Anouk