Du mercredi 21 au dimanche 25 Juin se déroulait la troisième édition du Monticule festival prenant place dans le domaine de Gayfié à Saint Jean de Laur. Si l’année dernière il n’accueillait que 200 chanceux, ce sont 700 participants qui se sont donnés rendez-vous cette année pour vivre un moment hors du temps dans un espace de liberté quasi-totale. Petit rewind rien que pour vous !

On the road

C’est parti, mercredi matin levé 5h30 pour prendre le train depuis Gare d‘Austerlitz en direction de Cajarc, petite ville d’où part la navette du festival. Une fois sur le quai, on repère déjà quelques festivaliers qui comme nous ont prévu de finir leur nuit durant le trajet. Après un somme réparateur, on arrive à Cahors puis on prends le car pendant 1h avant d’arriver à Cajarc là où un petit van gris nous attends : c’est la navette du festival. Il va donc falloir faire plusieurs trajets pour ramener la première cargaison de festivaliers de la journée. On se sert dans le van avec les tentes et les valises, impatients de gravir ce monticule pour arriver sur les lieux. La femme qui nous conduit n’est autre que la propriétaire du Domaine de Gayfié et aussi la mère d’un des organisateurs. Le terme ambiance familiale prend alors tous son sens, et on comprend que le Monticule a donc cette première particularité d’être organisée sur une propriété privée où l’hôte nous accueille chaleureusement, détail qui se fera ressentir dans chaque composante du festival.

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©Mickael Manza

Le Domaine de Gayfié : un site pas comme les autres

Situé à environ 2h au dessus de Toulouse, ce petit coin de paradis n’a pas l’allure du traditionnel site de festival. Gîte à l’année, plusieurs habitations occupent l’espace et on se sent automatiquement invité à parcourir l’ensemble du domaine, de la piscine au bar à champagne (où la vue est à tomber), en passant par la rampe de skate, le coin food et les nombreux endroits où chiller à l’ombre comme au soleil.

Le camping est une vaste étendue d’herbe couverte d’arbres procurateurs d’ombre où chacun se pose où il se plaît. Un endroit magnifique où la nature paisible et apaisante nous surprend parfois. Non loin du festival se trouve un point d’eau fraiche, le Gouffre de Lantouy, où nombreux se sont aventurés pour une baignade agitée. En somme, le Monticule n’existerait pas sans sa terre d’accueil qui lui offre un cadre idyllique, inhabituel – unique.

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©JMVotography

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Une faille temporelle, un monde altéré où tout n’est qu’amour, liberté et coïncidences

Avec un lieu pareil, le respect de l’environnement est une valeur défendue avec convictions par l’équipe organisatrice. Dès le départ, les festivaliers se voient remis un cendrier de poche (qui une fois rempli donne droit à un shot offert, oui oui) et l’on ne voit que très peu de déchets sur le sol. La sensibilisation a marché, mission accomplie, personne n’oserait toucher un brin d’herbe de notre monticule chéri.

Organisé par des Munichois, l’amour franco-allemand est aussi une valeur importante du festival avec en guise d’étendard une balancelle sur laquelle est écrite un message qui encourage à entamer cet amour : du pain béni pour les séducteurs(rices) ne sachant pas comment conclure 😉

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Ici, tout le monde se connaît sans se connaître, c’est un peu le monde des coïncidences improbables. Rencontrer une personne qui comme nous était au Péripate le week-end précédant le festival ? Jusque là ça va. Un Toulousain tatoué par un artiste Toulousain qui rencontre un Allemand tatoué en Allemagne par le même artiste Toulousain ? Là on passe en mode Inception. Un papillon qui se loge sur la boucle d’oreille de notre rédactrice pendant plus d’1h30 ? Ça n’a rien à voir mais ça rentre dans la catégorie des évènements mystérieux auxquels on a assisté durant ces 5 jours. On vous le dit, le Monticule se trouve dans une faille temporelle, un monde altéré où tout n’est qu’amour et coïncidences.

…Et où tout roule sur des roulettes

Au Monticule on fait rarement la queue, que ça soit à l’entrée du festival où la fouille se fait avec le sourire, aux toilettes, au bar ou au point recharge de téléphones. Les prix des cocktails sont un peu chers mais la coupe de champagne à 6€ ou le pastis à 3€ du stand pastis-pétanque sont toujours une belle option de rechange. L’alcool est aussi autorisé sur le camping, donc pas de quoi se plaindre à ce niveau là.

Les lieux sont toujours propres, l’équipe de sécurité encadre au lieu de fliquer et les barmans travaillent dans la joie et la bonne humeur malgré des horaires de travail intensives. A toute heure de la journée, il y a du son sur le site du festival, excepté entre 18h et 20h, heure à laquelle tout le monde se rejoint au Monticuisine pour festoyer tous ensemble autour d’un repas vegan composé de produits locaux. Que les carnivores ne s’inquiètent pas, il y a toujours possibilité d’acheter une pièce de viande en plus, on a même eu le droit à un cochon de lait à la broche ! La nourriture est vraiment de qualité – on se croirait au restaurant, pareil pour le petit dej’ où l’on peut profiter pour seulement 2€ d’un petit médaillon de cabécou accompagné d’un filet d’huile de safran et d’une miche de pain, le tout produit par des artisans du coin. Un délice.

©JMVotography

Le système son et la scénographie sont quant à eux à tomber, que ce soit sur la Pool ou la scène principale. Les lights en mode DIY ont vraiment de la gueule. Il faut alors saluer les efforts de l’équipe organisatrice qui a tout construit en 4 semaines, et pris à sa responsabilité une charge de travail énorme comparé aux autres festivals.

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©JMVotography

Lives et djs sets : un voyage musical cohérent

Commençons par le début : mercredi, c’est Bām̐dara et Max Tenrom du crew Toulousain Deepthings qui nous accueille sur la Pool stage dans une ambiance chill. Il fait beau et chaud, les gens se rafraîchissent à la piscine ou sous les arbres tandis que nous partons découvrir le reste du site. Le soir c’est le chamane Argentin Chancha Via Circuito qui nous embarque pour un live envoûtant aux rythmes nonchalants et organiques. Une belle manière de démarrer le festival.

Le lendemain Deepthings est toujours aux commandes avec cette fois le duo Cønfetti qui nous fait planer sévère notamment avec ce remix de John Talabot.

Viva @monticulefestival 💖 #bestfestival #retourdifficile

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Un peu plus tard G’Boï & Jean Mi, les deux fondateurs de La Chinerie, arrivent derrière les platines pour un mix évolutif hyper cool qui se finira en beauté sur un hommage à Prodigy décédé quelques jours auparavant. Après le repas, on part rejoindre la scène principale où le lyonnais Kosme est déjà en train de faire des ravages avec un set qui tabasse quand même pas mal pour l’heure, même si la fin sera plus douce avec quelques éclaircies housy. Mais ce que nous attendons avec impatience, c’est Red Axes : le duo délivre 2h de dj set truffé d’unreleased qui met tout le public en transe. Les transitions s’enchaînent à perfection et l’ambiance mystique nous rappelle celle qui s’était emparée du public devant Chancha Via Circuito.

C’est l’heure de quitter la scène principale pour se rendre dans la Grange où a lieu le show de La Chinerie. Il n’y a pas à dire, Reacted, Kmyle, Voisky et Psaum nous confirment que le pendant techno du label est bien solide. On se prend des bûches dans la tête toute la nuit, dans cette grange sombre où la chaleur ne semble pas encombrer les danseurs.

Vendredi, on chill à la piscine avec le showcase Pappendisko en fond sonore. Walter Wolff en b2b avec Joscha Creutzfeld, puis RSS Disco nous créent la parfaite bande son d’après-midi au soleil : disco et pop tout en synthés raisonnent sur le domaine, c’est sweet, c’est fun, c’est l’heure de manger une glace.

La prestation de Fjaak étant annulée à cause d’un problème de vol, on a le droit à non pas 2 mais 4h de set de Rødhåd et le show est juste grandiose. Un espèce d’enchainement sans moment de répit à base de grosses bombes techno, c’est hyper sportif et tout le monde se donne à fond. Notre seul reproche sera peut-être de ne pas avoir profité de ce temps supplémentaire pour raconter une histoire. Malgré la possibilité de créer une vraie évolution narrative, Rødhåd a opté pour un langage plus frontal. Quoi qu’il en soit, la sélection était nickel : on a reconnu quelques morceaux dont ‘Waterfall’ de Rrose et ‘Don’t Stop No Sleep’ de Radio Slave (ou du moins le vocal) joué à la toute fin.

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Samedi, c’est l’heure de la rencontre tant attendue entre Malka Tuti et Multi Culti. De 8h à 13h Dreems et Thomas Von Party, les fondateurs du label Montréalais Multi Culti, nous ont donné un large aperçu de leur savoir-faire : ambiance cosmique au rendez-vous. Puis Asaf Samuel et Katzele, les fondateurs israéliens du label Malka Tuti, ont eux aussi pris le temps de nous faire écouter un large panel de leurs pérégrinations musicales tout en restant dans la vibe qui leur est propre. Enfin, Die Orangen (Dreems et Kris Baha) nous offre LE live du festival qui vient cristalliser cet échange entre les 2 labels. Produisant une musique aux sonorités new wave, expérimentales, parfois acid voir tribales, le duo libère une énergie dingue derrière ses machines. 

😍 Die Orangen : meilleur live du @monticulefestival ! Tuerie de chez @malka_tuti

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Notre dernière nuit au Monticule sera rythmée par les 10 ans du label Versatile. Après une mise en bouche groovy bien alléchante du boss Gilb’R, Ettienne Jaumet accompagné de son saxo nous régale d’un concert tranquille avec supplément coucher de soleil dans le fond. C’est beau, on savoure. Arrivé avec un peu de retard, Young Marco rejoint Gilb’R derrière les platines pour un set house survolté. On sent que le duo s’amusent et que le b2b est un vrai échange commun. Le groove s’empare du public et tout le monde est heureux, on ne peut plus satisfait de clôturer la scène principale sur cette note.

Malheureusement nous n’assisterons pas aux concerts du Dimanche, le chemin de retour est long et le boulot nous attend lundi.

Retour à la réalité

En partant au Monticule festival, on savait qu’on allait vivre une expérience hors du temps, pleine de belles rencontres et de découvertes musicales. Mais le bilan est vraiment bien au delà de nos attentes. Le cadre est paradisiaque, l’ambiance est géniale et le contenu tant en terme musical qu’en termes d’activités est ultra-complet et qualitatif. On y mange bien, on s’y sent bien, tout est fait pour que l’expérience soit le plus agréable possible et unique en son genre.

C’est un des retours de festivals les plus difficiles que l’on ait vécu, tant l’atmosphère qui y règne nous a marqué. En tout cas, on a définitivement signé pour les années à venir.

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