228 200 festivaliers, 40 000 campeurs, 3900 bénévoles, 229 artistes, 7 scènes. Retour sur la trentième édition du gigantesque Dour Festival en Belgique, qui avait lieu du 11 au 15 juillet.
Dour, c’est le genre de festival qui demande une certaine préparation aussi bien physique que mentale : plus de 200 000 festivaliers réunis pendant 5 jours de folie furieuse où chacun repousse ses limites afin d’assister à un maximum de concerts, créchant dans un camping réputé pour son « état sauvage » où le soleil ou la pluie qui se transforme automatiquement en boue agissent en ennemi. Une vraie épreuve que chaque amoureux de la musique ajoute fièrement à son palmarès des festivals, comme une étape sportive qui à la fois nous fatigue mais nous distingue.
Le line up provoque lui de vrais déchirements de coeur tellement le choix proposé est gargantuesque et ça fait déjà 30 ans que ça dure. Trente belles années aux cours lesquelles l’évènement est devenu l’un des festivals des plus importants d’Europe. Enfin remise de ce périple intensif, notre rédactrice Julie nous compile ici le meilleur et le pire des aventures de la DOUR VIE.
DOUR IMPROBABLE
Chaque année les festivaliers redoublent d’imagination et réussissent à toujours nous surprendre:
Concombre Man
Dour c’est la joie et la liberté, la preuve:
Jumpers
À dix minutes de la fin, un groupe d’une dizaine de personnes est venu jumper sur les dernières minutes du set de Kim Ann Foxmann. Tous regroupés au même endroit, la dalle sur laquelle ils sautent bondi et entraîne les festivaliers. L’ambiance était en train de retomber, mais ces petits lutins sont apparus et ont insufflé un dernier souffle d’énergie à l’ensemble du public. Un moment Nutella, comme on dit.
Homme utile
C’est beau, c’est bosch
DOUR DJ SETS
Difficile de faire un choix quand on regarde le nombre de djs de qualité qui figuraient sur le line up. On pourrait parler de Robert Hood qui nous a fait danser jusqu’à trouer nos chaussures ou bien Âme II Âme et ses 2h45 de sets qui a vidé une grande partie de notre énergie dès le jeudi soir. Mais s’il ne fallait en retenir que trois…
The Black Madonna
Si l’année précédente nous avions compris pourquoi son nom remuait la scène house dans le monde entier, cette fois ci, The Black Madonna a clairement assis son statut de reine du dancefloor avec un set rempli d’amour. Pleine d’assurance et d’une bonne humeur hyper contagieuse, elle nous entraîne avec elle pour deux heures de danse sans aucun répit grâce à une sélection efficace et des transitions impeccables voir impressionnantes. Et ça fait du bien.
Entendu pendant son set :
Urban Mafic – « Dreams »
Daft Punk – « Rolling & Scratching«
Sonny Fodera – « MF«
Daphni
Depuis la sortie de son album Swim en 2010 sous le nom de Caribou, nous avons toujours suivi les diverses aventures musicales de l’artiste Canadien qui se concentre aujourd’hui sur son autre alias Daphni. Passant de la house à la techno avec une facilité déconcertante, sa prestation attire une foule éclectique à l’image du set qu’il propose. On ressort de là heureux, fatigué mais pas trop, le parfait coup de boost avant le dernier concert de la soirée.
Entendu pendant son set:
Daphni – « Tin«
Andreas Ghem – « 123«
Md Express – « Go Made Me Phunky«
Moscoman
Au-delà d’une sélection rafraîchissante qui traduit au mieux son univers, Moscoman a une manière vraiment unique de mixer en insistant sur les éléments rythmiques qui paraissent comme décuplés. Une vraie performance de dj où il réussit à mettre en place une ambiance particulière, celle-là même qu’on retrouve dans ses productions ou au sein de son label Disco Halal. On aime et on recommande.
Entendu pendant son set:
Binary Finary – « 1999«
Depeche Mode – « Enjoy the silence » (Timo Maas remix)
Solomun – « Dre »
The Organism – « Reflection » (dernière sortie sur Disco Halal)
DOUR LIVE
Flavien Berger
On le dit on le répète, Flavien Berger est un compositeur hors pair et ne pas avoir écouté une seule chanson de lui en 2018 est un sacrilège. Il progresse à une vitesse ahurissante, et chaque année le son qui lui est propre semble est de plus en plus abouti. Une musique sensible et belle, comme une évidence, à la fois grave et légère et toute en finesse. La classe.
DC Salas
On ne connaissait que peu de titres du producteur bruxellois avant de se rendre à ce concert en live band. Mais une bonne intuition nous disait qu’on allait beaucoup apprécier le spectacle. Pari réussi et ambiance planante tandis que les derniers rayons du coucher de soleil s’immiscent sous le chapiteau du Labo.
Little Dragon
Difficile de faire plus abouti en terme de live que ce que Little Dragon délivre à chaque représentation: de l’énergie, de la passion et de la folie, le tout servi dans une enveloppe sonore quasi parfaite, qui laisse apprécier au mieux le répertoire du groupe. Une recette qui, après 12 ans de travail commun, marche à tous les coups.
DOUR DÉCEPTION
Stephan Bodzin
On sait que ça fait 10 ans que Stephan Bodzin utilise la même recette, et l’on n’attendait pas forcément un rebondissement particulier – mais même pas un petit pincement au coeur, rien. Si pour beaucoup il est synonyme de toute une époque, ce set à Dour est venu sèchement nous rappeler qu’elle était bel et bien révolue.
Mugwump
Il est vrai qu’on avait pas écouté ce que le duo faisait depuis un moment, alors forcément, quand on a découvert en live qu’il avait pris un tournant pop rock, on a été quelque peu surpris. On accepte le changement, mais on est quand même un peu triste de pas avoir pu goûter à leur ancienne vibe :
Mind Against
On avait déjà pu voir Mind Against à l’oeuvre notamment au DGTL Festival de Barcelone l’été dernier où le duo avait fait son job à merveille. Samedi, sur la Plaine de la Machine à Feu, on a été déçu par un set sans grande saveur. Kollektiv Turmstrasse prendra le relais sans trop de difficulté, s’emparant du public prêt à en découdre.
DOUR SURPRISES
Kim Ann Foxmann
Cette dj et productrice américaine autrefois membre du groupe Hercules and Love Affair a fait une arrivée remarquée sur la scène du labo vendredi soir. Elle ne fait que de rares apparitions sur Paris, et c’était la première fois que nous avions l’occasion d’apprécier un de ses sets. Il faut dire que cela reste l’un de nos meilleurs souvenirs : house breakée aux couleurs tantôt funk tantôt acid, une vraie palette avec laquelle elle dessine les contours d’une musique rétro futuriste.
Ben Ufo
Jamais vu auparavant, Ben Ufo nous a mis une claque grâce à une sélection musicale très mélodique distillée à travers un set planant à souhait. Une ambiance envoûtante qui tombe à pic le samedi soir après avoir enchainé de nombreux sets tous plus énervés les uns que les autres les jours précédents. L’anglais co-fondateur du label Hesle Audio aux côtés de Pangea et Pearson Sound n’aurait apparament aucune date parisienne prévue prochainement, à bon entendeur…
Recondite
De tous les concerts auxquels on aura assisté sur la Redbull Elektropedia, celui de Recondite a été le plus complet : les jeux de lumières pulsaient en rythme avec le son, le vjing à base d’effets de matières était captivant et la prestation live était largement à la hauteur de la place qu’on lui donne aujourd’hui sur la scène mondiale. On pensait assister à un set intéressant mais sans grande nouveauté, alors qu’en vérité c’est un vrai show que le producteur avait réservé au public belge. Le genre de truc qui te cloue le bec.
DOUR VIE
Nouveau site
Pour cette 30ème édition, le festival s’est déplacé aux pieds des éoliennes avec une nouvelle disposition en forme de cercle qui rapproche les scènes entre elles pour une meilleure accessibilité générale. Certains ont trouvé ça pratique, d’autres se retrouvaient un peu déboussolés surtout une fois la nuit tombée.

© GOLINVAUX MATHIEU
Attention à la déshydratation
La faible présence de points d’eau fonctionnels a quelque peu entamé l’expérience des festivaliers qui croulaient sous les 35 degrés quotidiens. Et puisqu’à Dour une bière vaut le même prix qu’une bouteille d’eau ou 25cl de soda, autant vous dire qu’on était tentés de venir remplir des barils de 12 litres d’Ice Tea en réserve pour le camping, peu importe le nombre de tickets boissons nécessaires.
Sur le festival, les bouteilles de verre sont interdites. Du coup, tout le monde se retrouve sur son campement avec une multitude de bouteilles d’eau en plastique qui une fois sur deux sont remplies d’alcool pur. Au réveil, c’est une erreur qui peut être fatale.
Chemin retour
Après 5 jours de fête et de danse intensive sans trop de sommeil ni de nourriture, le chemin du retour est une vraie épreuve digne des J.O. Traînant leurs tentes, tonnelles et autres accessoires de camping facilement transportables, la foule se dirige péniblement vers le parking en essayant de se rappeler “mec, elle est où ma caisse?”
DOUR VIOLENCE
JACIDOREX
Quelle merveilleuse idée d’aller voir Jacidorex dimanche soir alors que notre corps nous criait déjà qu’il avait du mal à nous faire tenir debout. Il nous faudra à peine cinq minutes pour ne plus sentir nos mollets, la prochaine fois on fera des échauffements avant cette étape non moins sportive : ça bounce, ça pogotte, tout le monde s’en donne à coeur joie sur cette explosion sonore. On a appris par la suite que sa famille était présente ce soir-là, ce qui démentirait toute rumeur impliquant le fait qu’il ait été élevé par une horde de loups meurtrière dans l’extrême noirceur des forêts yougoslaves.
DAX J
Juste après avoir gagné la Coupe du Monde, rien de tel qu’un petit set de Dax J accompagné d’un coucher de soleil. Toujours constant dans la kickance, on retrouve dans le public un bon nombre de pistos tirant à tout va, qui soudainement amènent un air de Paris sur le dancefloor. Ajoutez à ça les supporters arrivant au compte goutte qui se mêlent petit à petit à ce bon monde, clamant leur bonheur face aux festivaliers belges qui eux n’apprécient guère le spectacle. Ou quand le foot vient empiéter sur l’humeur générale…
I HATE MODELS
Jeudi, après avoir passé une soirée plutôt calme côté techno la veille, tout le monde se presse à la caverne pour assister au set d’I Hate Models, tellement que le chapiteau est vite plein à craquer. La progression que connaît ce jeune producteur français est simplement fulgurante, en deux ans il a conquis l’Europe entière mais aussi l’amérique latine ou l’Australie grâce à une techno indus aux basse bien grasses et aux inspirations trance.
Comme tous les ans, on y retournera. L’édition 2019 est déjà en ligne et l’on conseille à tout le monde de le faire une fois dans sa vie. DOUREUUUUUUH !