Du 4 au 6 août derniers, le charmant château médiéval d’Ainay le Vieil s’est transformé en capitale internationale du kiffe à l’occasion de la quatrième édition du festival Château Perché. Ce dernier hante encore nos esprits et nos âmes. Avec sept scènes aux identités visuelles et musicales plurielles, 4000 festivaliers apprêtés de milles feux et un camping géré d’une main de maître par Love Specs, tout était réuni pour nous emmener dans le cosmos. Enfin revenus de nos différentes virées estivales, voici les 7 raisons pour lesquelles on ne s’en est toujours pas remis.

Les festivaliers redoublent d’imagination : welcome to another world

Il n’est pas rare de croiser chats, licornes et autres animaux loufoques en festival, mais il faut avouer qu’elles sont souvent en sous-nombre par rapport au nombre de festivaliers présents. Tout le contraire de Château Perché : c’est bien simple, tu as plus de chance d’être ridicule en portant une tenue classique qu’en te laissant guider par tes folies vestimentaires inavouées. Pour ne pas sortir du lot, de nombreux stands paillettes et tuti quanti sont proposés sur le site ainsi que sur le camping. Et si tu n’as pas envie de te déguiser – parce que si tout le monde le fait ça devient un truc de mouton et que toi t’es trop underground pour suivre la masse -, et bien garde ta tenue habituelle, château perché, c’est la liberté. Il y aura toujours quelqu’un pour approuver ton Fashion statement.château perché-dure vie

Un lieu royal : Le Château d’Ainay le Vieil

Chaque année, la bande de Perchepolis s’installe dans un nouveau château. Cette année, le dévolu s’est jeté sur celui d’Ainay le Vieil appartenant au Baron Auguste d’Aligny, descendant de Colbert, dont la famille s’est installée en ces lieux depuis maintenant 550 ans. Situé dans le sud du département du Cher à 3h en train de Paris, c’est la première fois que le château accueillait un festival de cette envergure – et pour la bonne cause, puisque l’argent de la location servira à rénover une partie de la toiture. Une chose est sûre, malgré les 7 hectares fermés au public, les parties extérieures qui nous étaient réservées ont largement suffit à contenir la ribambelle de festivaliers. Dès notre entrée dans le parc qui regorge de petits trésors décoratifs, nous sommes guidés par les douves qui nous mènent jusqu’au château dont les murs sont embellis par une projection assez trippy. On se sent comme privilégiés de s’incruster dans un tel décor le temps d’un week-end.

Un mini festival dans un festival : le camping by Love Specs

Beaucoup connaissent Love Specs grâce à ces fameuses lunettes en forme de cœur qui donnent à voir un monde où tout n’est qu’amour. D’habitude déambulant dans divers festivals derrière un stand, c’est ici tout un village qui avait été construit pour l’occasion. Au camping de Château Perché, on avait ainsi la possibilité de se faire masser, de manger des fruits frais ou un barbeuc l’après-midi, de se greffer aux danseurs devant la camionnette où s’enchaînent les djs nuit et jour, sans compter l’after du dimanche soir ! N’ayant pas le droit d’augmenter le niveau sonore, la fête a quand même eu lieu grâce aux 150 casques distribués aux campeurs présents. Et si ce n’était que ça…

L’équipe de Love Specs s’est démenée pour nous maintenir dans de bonnes conditions, nous approvisionner en eau et en nourriture, en câlins, paillettes et bonne humeur. De vrais spécialistes de la teuf hyper motivés et profondément humains. On vous aime.

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Le Théâtre des poètes : Danke Fernab

C’est un fait : comme beaucoup de festivaliers, nous sommes tombés amoureux du Théâtre des Poètes tenu d’une main de maître par les adorables allemands du collectif Fernab. Ses remparts de verdure accueillaient en son centre un arbre gigantesque auxquelles les trublions de Fernab y avaient accroché toutes sortes d’objets, y compris une boule disco qui faisait office de phare la nuit. Les structures en bois sont homemade, et l’on sent qu’il y a eut de la sueur pour arriver à un tel résultat avec les moyens du bord : une scène, une cabine ingé son, et trois perchoirs dont deux couverts, histoire de pouvoir loger encore plus de monde dans cette petite zone de paix. Petit bonus, les ‘méduses’ lumineuses qui font des apparitions remarquées chaque nuit, encore une idée brillante de Fernab !

Question musique, là encore, nous étions sûrs d’être satisfaits à n’importe quelle heure. On retient Barnabass, M.Rux, Freakout, Fabber mais aussi et surtout notre gros coup de cœur Bernstein. Quand au système son, encore une fois rien à redire : c’est du propre. Présents sur plusieurs éditions, on espère que le collectif reconduira sa collaboration avec Perchepolis pour de nouvelles aventures en 2018.

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Scénographies délirantes, line-up ultra dense : on ne sait plus où donner de la tête

La Volière aka la scène Chinoise, foutue à feu et à sang par le collectif Lufstschloss et le Camion Bazar, offrait un décor faisant écho à la décoration traditionnelle chinoise. Couverte par ses lampions et ses guirlandes de fanions multicolores, elle était un point central dans le festival, notamment grâce à son bar et à son espace semi-couvert. La Volière à proprement donc, où l’on pouvait venir s’abriter en cas de coup de froid.

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L’Isle Enchantée, magnifique jardin ambiancé par l’histoire d’amour entre les Français de Rituel et les Allemands de Wuza, était complètement excentré du reste du festival. Certains festivaliers n’ont même probablement pas trouvé la porte de ce petit paradis. Ici, tout est calme, apaisé. Les jeux de lumière caressent chaque bout de nature, les arbustes disposés au centre se transforment en récif de corail et l’ambiance aquatique règne. On garde un bon souvenir de Carsten Conrad, Birds of Mind et Emmanuel Russ dont on n’a pas toujours pas digéré le set.

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La Salle des Archers, elle, nous guidait vers une porte spatio-temporelle. Imposante et surprenante, on aurait tendance à dire que c’est le genre de truc qu’on ne voit qu’au Château Perché. Il faisait chaud et le son était très fort dans cette salle, le parfait endroit pour apprécier un set de Bezhad & Amarou.

Une découverte musicale totale

La scène de la Cour Centrale, fruit de la collaboration entre Perchépolis et le Ying Yang festival, proposait un line-up très éclectique, le tout servi sur un décor cosmico-médiéval à base de dragon menaçant sur fond de planètes suspendues (oui, il fallait être là pour le croire). On pense notamment à Weltfremd, The Shangai Restoration Project, Bass Guo ou encore Tommy Hendricks qui n’est autre que le co-fondateur du Ying Yang festival.

Lors de notre arrivée au Château, on passe faire un tour à la Volière et c’est Alinka, djette originaire de Chicago, installée à Berlin et habituée du Panorama Bar, qui nous accueille avec un set house énergique sur lequel s’enchaîne un super live de Kalipo : c’est joliment construit, mélodieux et ça rend heureux, parfait pour commencer sur des bonnes vibes.

 

 

Quand vers 8h du matin la fatigue se faisait sentir pour certains, il nous fallait tenir jusqu’à 11h pour apprécier le set de Savaggio. On nous en avait conté mille fois les louanges, et figurez-vous que l’on n’a pas été déçu. On se faufile au milieu de la petite troupe qui entoure le violoniste Tom Upton, tandis que Simon Duprée donne le tempo derrière ses machines. Il fait chaud, Tom ferme les yeux, danse et transpire avec nous, vis le concert au plus près de son public, concentré sur ses envolées mélodiques qu’il distille avec brio – surtout à une heure où l’on est même plus capable d’écrire un texto. Un beau moment.

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Un joyeux bordel avant tout

Alors oui, parfois on doit faire la queue, on se retrouve dans des chiottes saccagées, on galère pour récupérer des tokens – mais au fond, l’audience se laisse porter dans ce mouvement chaotique voire pire, elle accélère le processus de déflagration. On gambade de scène en scène participant joyeusement au brouhaha, une espèce de tourbillon cacophonique où chacun a sa place, aussi inutile soit-elle.

Si tu as envie d’ouvrir la porte mystérieuse sur la gauche de l’Isle Enchantée pour courir nu dans les champs : fais-le. Si tu veux dormir au Théâtre des Poètes perché au-dessus de la cabine ingé son en bois dans le petit abris : fais-le. Si tu veux faire du vélo, de la balançoire, de la natation (certains festivaliers se seraient aventurés non loin du festival pour se baigner dans un point d’eau…) : fais-le. Tu as tout l’espace et le temps que tu veux. D’ailleurs, on a l’impression que le festival ne s’arrête jamais ! Hormis les activités proposées sur place, n’oublions pas les activités extras, le « off » du festival… On pense déjà au nombre incommensurable de bébés qui vont naître dans quelques mois. On n’aura pas vu ça depuis la victoire de la France en 98.

On pourrait aussi vous parler des circassiens, de toutes les joyeuses activités proposées, du hula-hoop, des paillettes, mais c’est surtout une intense impression de bonheur qui nous revient lorsque l’on repense à ce joli moment de douce folie. Vivons branchés, vivons perchés !

Château Perché : Site / Facebook