Après avoir dévoilé sa série des « Days » avec des cartes blanches laissées à Jennifer Cardini, Daniel Avery, Four Tet et Paula Temple, le festival des Nuits Sonores vient tout juste d’annoncer sa programmation de nuit. Du lundi 7 mai au samedi 12 mai, Lyon deviendra une nouvelle fois le centre de la France.
Pour sa 16ème édition, les Nuits Sonores annonçaient déjà il y a quelques semaines que le festival se tiendrait exceptionnellement durant 8 jours. Festival ouvert, émancipé et surtout « dans l’ère de son temps », l’équipe des Nuits Sonores souhaite cette année porter son attention sur les racines et les origines de la musique électronique, celles-là même qui ont façonné sa culture « club ». Depuis quelques années, la révolution musicale de ce secteur a entraîné un changement de regard et des comportements qu’il est nécessaire d’envisager. Dans son communiqué de presse, le festival argue ainsi que « là où les pionniers du genre avaient soif de révolution et se tournaient furieusement vers le futur sans adresser un seul regard en arrière, cette nouvelle génération électronique manifeste aujourd’hui la nécessité de rouvrir un dialogue avec son histoire, de se tourner vers son passé pour mieux construire son futur. »
Le mardi 8 mai sera ainsi inauguré lors d’un concert spécial à l’Auditorium de Lyon, avec la rare apparition française de celui que l’on nomme le « porteur du renouveau du jazz » Kamasi Washington, reconnu comme l’un de ses piliers notamment pour ses collaborations avec des artistes comme Snoop Dogg, Herbie Hancock, ou Nas & Lauryn Hill des Fugees.
Jeudi 10 mai / Nuit 2 : lives cosmiques, scène afrobeat, musiques du monde & rap/hip hop d’excellence
Le lendemain, les nuits s’installeront ensuite une nouvelle fois dans les trois halles des anciennes usines Fagor-Brandt, au cœur de Gerland dans le 7ème arrondissement de Lyon. La programmation sera lancée le mercredi 9 mai avec dans la Halle 1 une nuit réservée aux live, à commencer par celui de la révélation Trypheme, qui puise à la fois dans la techno originelle de Détroit, dans l’électro 90’s, l’IDM, la noise et l’ambient pour proposer un live aux accents breakés et lunaires. Tout aussi sombre et maîtrisé, la fondatrice du label Lumière Noire, Chloé, proposera un live à l’image de ses années d’expérience et de son troisième et dernier album « Endless Revisions » classé parmi les meilleurs albums de l’année. Plus mélodique, le live de Rone dévoilera une nouvelle fois toute l’étendue de sa sensibilité et de sa créativité déjà largement entamé dans sa dernière sortie en 2017, « Mirapolis ». Les italiens d’Agents Of Time assureront la partie purement techno et énergique de cette première nuit à coups de synthétiseurs et d’accents cosmiques, suivi par l’espagnol Maetrik fidèle abonné des Nuits Sonores qui achèvera les festivaliers à coups de tech-house calibrée.
La Halle 2 sera davantage axée musiques du monde, soul et, afrobeat et sonorités euphorisantes. Parmi elles les disques rares de DJ Okapi, tenancier du fidèle blog (et disquaire) Afro-Synth, le DJ londonien Richard Foe, le sonorités afropunk du duo Tshegue, sans compter DJ Lag, l’un des pionniers et représentants de la scène gqom en Afrique du Sud, ce sous-genre de la scène house, plus minimaliste et urbaine. La clôture sera assurée par le back to back des deux résidents amstellodamois de Rush Hour, Antal et Hunee, devenu une institution dans la culture électronique pour ses sélections soulful et groovy.
La Halle 3 réservera des surprises rap et hip-hop dans la lignée du parti pris des Nuits Sonores de laisser une place de choix à ces producteurs qui ne cessent de réinventer cette culture majeure. Parmi eux, le DJ set de l’esthète du mix et du scratch DJ P aux influences rap, soul et funk, la trap épaisse du rappeur Gracy Hopkins venu délivré en live un flow proche de la vibe anglaise, les incontournables bruxellois de La Smala avec notamment Oxmo Puccino, ou encore la révélation anglaise OR:LA qui proposera un DJ set à son habitude, perché, calibré, entre UK Bass, tribal house, deep, breakbeat et techno 90’s.
À côté de cette friche industrielle gigantesque, le Circuit Nuits Sonores promettra également, comme chaque année, de nombreux artistes à découvrir dans divers clubs de Lyon dont Hugo LX, Ethyene et Fred P aka Black Jazz Consortium au Bellona Club, Chaos In The CBD au Groom ou Cuthead, Baltra et DJ Boring à La Plateforme. Nos copains G’Boï et Jean Mi de La Chinerie seront au Terminal et le Ninkasi proposera une sélection techno live avec notamment Mr Freddy, Margaret Dygas ou Rodriguez Jr en live.
Vendredi 11 mai / Nuit 3 : house des légendes, live noise, techno industrielle sportive et ambiances mystiques
Aux Usines Fagor-Brandt, la Halle 1 sera largement consacrée à la house. Le local Folamour, devenu en peu de temps DJ international à grande échelle et aux productions incontournables ouvrira le hangar à trois légendes de la house. Celle de Chicago Mr.Fingers aka Larry Heard, les anglais de Bicep en live devenus symboles d’une seconde génération house, et le retour du back to back entre Kerri Chandler et Jeremy Underground après leur Boiler Room aujourd’hui encore encensée par tous.
La Halle 2 sera elle programmée en co-production avec le festival barcelonais Sónar dans le cadre de l’échange We Are Europe. Une large partie sera faite aux live avec les percussions de Raymonde, la techno industrielle du duo Raime aux accents dubstep et jungle, le viking de l’expérimentation électronique noise Ben Frost et le live ambient et abstract de Lee Gamble. La nuit sera clôturée avec force par l’incontournable AZF, devenue la représentante française de la techno industrielle, grande prêtresse des événements Qui Embrouille Qui et résidente de Rinse France, récemment élue meilleur web radio européenne.
Ambiances mystiques et expérimentations musicales seront le credo de la Halle 3. Parmi elles, la performance analogique du duo Ko Shin Moon, figures de proue du renouveau de la world music en France, la création live et transe organique de J.A.K.A.M. & The Ritual Forces, fer de lance des productions tokyoïtes et le live dès attendu des israéliens Red Axes. La clôture sera assurée par l’atmosphère tribale et mythique de Young Wolf, collaboration entre deux fers de lance de la musique électronique actuelle, Young Marco et Jan Schulte, et la révélation techno Avalon Emerson, qui délivrera sans nul doute une musique rapide, entre oldschool et hardware.
Samedi 12 mai / Nuit 4 : rares poids lourds internationaux en live, pontifes new wave et electronica
Nouvelle série de légendes aux Usines Fagor-Brandt. La Halle 1 accueillera Action Bronson, mastodonte du rap US et l’une des plus grosses références du hip-hop outre Atlantique. « Comme un bon gros burger dégoulinant« , dixit le festival. La scène tunisienne sera également représentée via Amar 808 & The Maghreb United, venus distiller leurs sonorités arabisantes et instrumentations raï et chaabi réinventées grâce aux nouveaux outils de productions électroniques (dont la TR-808 de Roland). L’incontournable coréenne Peggy Gou se produira pour l’occasion en live, et l’on attend une démonstration fidèle de ses productions futuristes et élégantes.
La Halle 2 sera co-programmée avec le festival serbe Resonate, également dans le cadre de We Are Europe. Principaux porteurs du projets, le duo Les Fils de Jacob ouvriront la nuit à coups de leurs atmosphères mécaniques et turbulentes, suivis par la new wave nerveuse et italo-disco de Il Est Vilaine. L’incontournable The Hacker, artisan des débuts de l’electroclash et de l’electronica de Kraftwerk assurera la transe du peaktime avant la techno londonienne et âpre de Not Waving et la rencontre au sommet de Douglas McCarthy et Terrence Fixmer (Fixmer/McCarthy) entre techno rude et EBM.
La Halle 3 promet d’être une joyeuse fête ou un joyeux bordel : les deux à la fois, sûrement. Les français itinérants du Camion Bazar, conduits par Romain Play, poseront leur sélection éclectique entre disco, funk, percussions lives, détours exotiques et house de gangsters et ouvriront la voie à quatre lives : les sonorités sud-américaines entre musique électronique et cumbria de Chancha Via Circuito, la cumba péruvienne de Los Wembler’s de Iquitos et Dengue Dengue Dengue, clôturés par le soundsystem live mêlant djs, mcs & live entre afrobeat et funk.
Vous pouvez respirer. Ou pas : d’autres grandes surprises sont encore à venir. Toutes les informations sont à retrouver sur le site des Nuits Sonores.