30 ans d'activisme : pourquoi Kerri Chandler est une légende vivante de la house

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Son nom représente à lui seul l’arme fatale pour faire monter la moiteur d’un dancefloor. Ses envolées de piano, ses kicks métronomiques et surtout l’émotion qui transpire de ses sets deep-house teintés de « Soul » et de « Jazz » ont bâti la notoriété de cet incontestable pionnier. Ce vendredi 17 février, Kerri Chandler convoque les esprits festifs sur le Central de La Machine du Moulin Rouge. Rayons de soleil électroniques garantis jusqu’au bout de la nuit.

Kerri Chandler est une signature, un gage d’excellence, une référence et, n’ayons pas peur des mots, une légende vivante au sein la constellation des musiques électroniques. Au cours de sa longue carrière débutée à l’âge de seulement 13 ans, le DJ originaire de East Orange (New Jersey) a façonné des hymnes intemporels, du mythique « Track 1 » extrait de l’extatique « Atmosphère EP vol.1 » (1993) à l’iconique « Bar à Thym » (2005) en passant par l’émouvant « Rain » (2000) gravé sur un « Mood E.P » d’anthologie estampillé Nervous Records. 

Père et fils

Le destin du petit Kerri était tout tracé. Avec Joseph, un père DJ collectionneur de vinyles, il s’est naturellement convaincu d’assumer et d’assurer son héritage musical. Et ce malgré les réticences paternelles. Mais c’est avec passion, délice et maestria que Kerri embrasse sa future carrière. En cachette, le petit bonhomme se met derrière les platines de son papa profitant de ses sorties. Mais lorsque ce dernier le surprend en plein exercice, c’est la douche froide. Joseph Chandler n’y croit pas une seule seconde et lance alors un défi à son fiston : le convaincre, sur le champ, qu’il possède véritablement l’âme d’un DJ.

Le fiston s’exécute, enchaine les classiques « I’m Ready » de Kano, « Can You Handle That » de Sharon Redd et « Places and Spaces » de Donald Byrd.  Devant tant de maîtrise, le « padre » s’incline non sans une certaine fierté même dissimulée. Ainsi, chaque dimanche, celui que l’on surnomme désormais « Dj Little Man » officie, de 21h à 22h30, en « warm-up » au Rallye Racquet Club… perché en équilibre sur des caisses de lait pour atteindre les platines. 

Depuis ses baptêmes électroniques, il ne s’est jamais arrêté, prêchant les bonnes vibes « House » et « Garage » dans les clubs du monde entier et multipliant les casquettes pour ses publications sonores. De « Kaoz Theory », son label sur lequel ont signé Art Department, Satoshi Tomiie ou Jamie Jones, aux « alias » plus obscurs que sont « Paper Maché », « Bobcat Trades », « Erik Landcher » et « Kamar » clin d’œil à son deuxième prénom…

Sur scène, Kerri Chandler trimballe souvent son clavier pour donner de la chaleur et de la rondeur à ses DJ sets.  Plus surprenant, il débarque aussi, depuis peu, avec son set up « Reel-to-Reel », autrement dit un lecteur de bandes magnétiques version « old school » sur lequel il parvient à élaborer des mixes. Énorme.

Après plus de 30 ans d’activisme « House » et 14 ans de silence discographique, Kerri Chandler vient de publier « Spaces & Places », un nouvel album qui renferme 24 titres composés dans 24 clubs à travers le monde – le Rex Club à Paris, le Ministry of Sound de Londres ou encore le Watergate de Berlin – et transformés en studio d’enregistrement temporaires.

Jamais à court d’idées pour diffuser l’essence d’une « Deep House » conquérante, Kerri Chandler imprime aussi son sourire et son enthousiasme communicatif à chacun de ses sets. Que ce soit derrière ses platines, son clavier ou ses bandes magnétiques, ce chef d’orchestre sait parfaitement transformer une simple soirée en un inoubliable moment d’extase. Et ce vendredi 17 février en sera forcément un. Promis.