Photo à la une © Lily Rault
Si l’italo disco connaît un renouveau depuis les années 2000, ses ramifications dark disco, EBM et new wave n’ont jamais été aussi présentes sur le devant de la scène électronique qu’en ce moment, portées par des artistes français comme Jennifer Cardini ou encore le label Ritmo Fatale. Parmi eux, une étoile montante s’est aussi fait un nom : Belaria. Rencontre avec une prodige émotionnelle avant son B2B all night long aux côtés de Kendal à La Machine ce jeudi 10 novembre.
À tout juste 23 ans, la jeune DJ et productrice ne tient pourtant pas ses influences d’hier, bercée très tôt par son père qui lui fait écouter les héritages du mouvement post-punk et des groupes phares comme Depeche Mode. « Il me faisait la traduction des paroles en français, c’est aussi ça qui a fait mon oreille en termes de lyrics », se souvient Charlotte, qui acquiert aussi régulièrement des vinyles 80/90’s de son oncle.
C’est en 2015 que les musiques électroniques croisent finalement son chemin par hasard. Un été, elle offre un pass à sa meilleure amie pour le Big Festival dans la Halle Iraty de Biarritz, où 2500 aficionados de la techno et house doivent se retrouver. « J’avais acheté la place sans rien connaître du tout. En entrant dans le hangar le premier soir, ça m’a comme directement transpercé. J’avais 15 ans ! », rembobine-t-elle. Elle passera religieusement les cinq nuits au premier rang de minuit à l’aube, sans savoir que Nina Kraviz, Jeff Mills ou encore Agoria officient aux platines.

Totalement hypnotisée, Charlotte demande dès son retour à Paris des platines à ses parents. Le Graal arrive enfin au Noël de ses 18 ans où son meilleur ami Constantin (co-fondateur du collectif based:in) et son actuel manager Ruben (boss du collectif et label Friendsome Records dans lequel elle officie toujours) prennent alors le relais éducatif. Animée de longue date par le spectre artistique (photographie, peinture, danse pendant 10 ans, cuisine…), le projet se dessine et devient évidence : ce sera Belaria, ‘oreille‘ en basque. Les premiers gigs tombent.
Le succès de Morning Disco Tonic Bongo
La vingtaine entamée, Belaria part à Bruxelles pour ses études et veut poursuivre l’exploration de la musique jusqu’au bout par la case production. Elle rencontre DJ Physical (aux titres signés sur Sure Cuts Records, Truth Radio, Mood Of The Era…) qui lui installe le logiciel Ableton. « Même si l’interface était minimaliste, j’avais du mal à le prendre en main », admet-elle en souriant. Force de travail et torrent de détermination (qualités qui reflètent aujourd’hui son titre de prodige), Belaria s’achète des claviers quelques mois plus tard quand elle part à Oxford et y passe le plus clair de son temps face au confinement qui touche une grande partie du monde.
De là s’écrit son titre ‘Morning Disco Tonic Bongo‘, qui lui permettra de devenir la première productrice à gagner le réputé concours Producer Day sur le groupe de partages de son Chineurs de House en 2021. « Je ne connaissais que vaguement la plateforme et je n’avais jamais entendu parlé de ce concours. Deux jours avant le début des candidatures, Ruben m’a conseillé de le tenter, mais je n’avais aucune finalité à vouloir y participer. C’était totalement innocent ! », plaisante-t-elle. De ce hasard, le track explose et séduit aussi les organisateurs et promoteurs français.
Alors que le confinement se lève, c’est la surexposition. « Ça a été beaucoup d’un coup. Moi qui n’avait jamais été dans ce milieu et qui n’a jamais vraiment cherché à l’être, j’enchaîne 7 gigs en 15 jours à Paris, Toulouse, Lille ou encore Bordeaux », se souvient Belaria. De 1000 questions sur sa légitimé à appartenir à cette vaste scène, se ponctue presque métaphoriquement une date au festival Rêve de Jour de l’IBOAT le 14 juillet 2021, où son closing résonne avec le feu d’artifice de la Fête Nationale.
Heartquake, la révélation
Au retour de l’été, le collectif engagé dans la crise climatique Djs For Climate Action organise un concours pour créer un morceau à partir de samples enregistrés par Greenpeace pendant leurs expéditions. Le brief « À quoi ressemblera le son du futur ? » fait de nouveau écho avec la volonté de Belaria – outre son engagement pour l’environnement – d’affiner son identité musicale et sa production. Parmi plus de 300 candidatures, son titre ‘Heartquake‘ est retenu dans les 20 sélectionnés par un jury composé de Blond:ish ou encore Nicola Cruz. « C’était un changement de cap par rapport à Morning Disco. Le titre était plus représentatif de mon univers, chargé en émotions et plus mélodieux », explique-t-elle, passionnée par la notion de futur et les nouvelles technologies associées dans l’art.
Dans la foulée, Jennifer Cardini organise un livestream solidaire à La Gaîté Lyrique filmé par ARTE Concert, afin de récolter des fonds pour les personnes LGBTQIA+ en Ukraine. L’étoile montante partage ce soir-là les platines pour la seconde fois avec le boss du label Ed Banger et ex-manager des Daft Punk, Pedro Winter, rencontre aussi Laurent Garnier qui joue après elle et la félicite. Bienvenue dans la cour des grands !
L’apogée de cette montée en flèche se confirme quelques mois plus tard, où Belaria divise son temps entre les gigs aux quatre coins de la France et dans les pays frontaliers, ses études et son mémoire de Master 2, mais aussi le processus de création de son tout premier EP. « Cette année riche en charge mentale a été salvatrice, ça m’a poussé à produire », explique-t-elle, ajoutant avoir « besoin d’émotions positives comme négatives pour m’inspirer. J’écris beaucoup, parfois ça vient seul. La production reflète des moments de ma vie ».
‘Boost & Doubts‘ sort le 17 juin 2022, comme un tableau cyclique de ce début de carrière. Le track solaire ‘Boost‘ ouvre l’opus comme flash de moments de motivation, ‘Rest In B‘ traduit ses temps de création et de calme en Bretagne avec sa famille sans la pression de Paris, ‘Burning Inside‘ est l’écho bouillonnant de l’année qu’elle a vécu, et ‘Esteem‘ la convainc finalement d’avoir confiance. Un sublime EP-portrait de tout artiste qui se cherche. « C’était très important pour moi de sortir mon premier EP sur Friendsome ! Sans Ruben je n’aurais jamais osé me lancer et je n’en serais pas là aujourd’hui », confirme Belaria.
En l’espace d’un an, elle décrochera finalement une résidence mensuelle à Rinse France, une session livestream remarquée sur la célèbre radio berlinoise HÖR, ou encore une carte blanche de trois dates au célèbre club parisien Badaboum avec des invités comme INFRAVISION (Kendal + Pablo Bozzi), Darlyn Vlys, Terr, Perel, Cormac et Mimi. « On m’a vraiment laissé la possibilité de pouvoir m’exprimer et j’en suis très reconnaissante », admet-elle.
L’émotion avant tout
Pour la suite, la productrice travaille en ce moment sur un EP bientôt signé sur le label d’une de ses inspirations phares, aussi figure-clé des musiques électroniques en France. « Ce sera la suite logique, quelque chose qui me ressemble », confirme-t-elle. Belaria a aussi récemment été chartée par Dixon, et vient de sortir un podcast pour Circoloco (temple du DJing à Ibiza) qui regroupe ses coups de cœur du moment. « Ce que je recherche dans l’art, c’est quelque chose qui dégage de l’émotion. », confirme la productrice.
Après Lisbonne, Bruxelles ou la Lituanie, c’est vers Amsterdam, l’Espagne ou l’Italie qu’elle aimerait pouvoir se produire, mais aussi suivre les pas d’artistes féminines qui l’inspirent comme Chloé (pour son idée d’un premier live à venir), la création d’un label à l’instar de Jennifer Cardini, ou encore Anetha pour sa carrière artistique à la fois « travaillée intelligemment, dans l’ordre » et familiale.
Ce jeudi 10 novembre, c’est aussi avec l’un de ses mentors, Kendal, que Belaria partagera un all night long inédit dans la Chaufferie de La Machine du Moulin Rouge à l’occasion de la prochaine Dure Vie avec Partiboi69, Eclair Fifi et HORS-SOL à l’étage. 6 heures pour explorer et démontrer ce qu’elle maîtrise le mieux : l’émotion sur le dancefloor.
Toutes les informations et la billetterie sont à retrouver sur ce lien. Vous pouvez suivre Belaria sur Instagram, Soundcloud et Facebook.
