On vous emmène en plein coeur de Brooklyn à la découverte du Cafe Erzulie et du Basement, deux institutions locales. À vos pass Navigo.

Il pleut ce soir au croisement de la 8ème rue et de la 3ème avenue. À l’endroit précis où la jeune femme aux yeux bleus et aux cheveux blonds est montée dans le taxi de The Horrorist, nous préférerons le métro. 

22h49 – Metropolitan Transportation Authority (MTA)

De nuit, le métro new yorkais est plus anonyme encore que le nôtre, à Paris. Ici, le masque n’y est plus obligatoire, car comme partout au pays de l’Oncle Sam, la liberté individuelle prime sur le collectif. Pourtant toutes et tous le portent dignement. Pas un bout de nez ne dépasse, comme pour assoir leur statut d’état progressiste et responsable. No Active Alert : le panneau correspondant à l’assiduité de ma ligne se veut rassurant. Les sièges sont bleus, la rame est bruyante et les humains silencieux. 

Au dessus des portes métalliques, l’Amérique s’affiche fièrement. Une publicité pour l’université de Colombia vous propose de reprendre vos études vers un MBA (sans pour autant préciser le tarif de l’année en question) tandis qu’une autre représente une seringue géante accompagnée d’un numéro vert pour participer, de manière anonyme bien entendu, à un sondage sur votre consommation d’héroïne.

23h27 – Cafe Erzulie, petit coin de paradis

Nous arrivons à Brooklyn, sur Broadway Street, où le Cafe Erzulie se niche à l’ombre du métro aérien. Devant le club, un échafaudage fait office de parapluie géant. Eclairée de son logo, la vitrine de la petite institution haïtienne baigne le trottoir dans ambiance chaleureuse. À l’entrée, les vigiles sortent la rampe en velours et font attendre joyeusement la jeunesse branchée de Brooklyn à l’abri des gouttes. Entre deux vérifications de pass vaccinal, ils fument une cigarette, chantonnent, s’esclaffent et se montrent des vidéos de leurs exploits au playground du coin. 

Le Cafe Erzulie se remplie doucement. Avant, le propriétaire de l’épicerie m’apprend que l’espace extérieur est paradisiaque, mais fermé pour rénovation, malheureux. Dedans, la DJ monte le son d’un œil malicieux. Trap, Afrobeat et Amapiano se relaient à la barre. Bientôt, le club disposé en long ressemblera à un joli groupe hilare. La boule à facettes sort un à un les visages de la pénombre avant de les y replonger aussitôt alors que le volume sonore augmente à vue d’oreille. La foule entonne les premiers refrains et les danseurs pointent le bout de leur nez tout là-bas, devant le booth. 

00h06 – Flushing Avenue, ligne B57 

Minuit passé, il est l’heure pour nous de mettre cap en direction du Basement, notre second stop de la soirée. Nous prendrons le bus sur Flushing Avenue, une des nombreuses artères de Brooklyn, pour descendre… dans une flaque. Sous l’eau, la Grosse Pomme prend des allures de film scorsesien et le ciel couleur bordeaux renforce l’imaginaire que la ville s’est construite à coup de septième art. 

En plein coeur de ce quartier pavillonnaire, où les maisons ont l’air d’être exclusivement faites de cartons et de papier mâché, un stand de street-food accoudé au trottoir sert de phare aux noctambules. Adossé à une voie ferrée, le Basement est précédé d’une plaine de béton. Sur la droite, en rang d’oignon, deux hangars vides montre la direction à suivre. Emmitouflé dans sa parka et abrité sous son parapluie, le vigile est souriant. Une cinquantaine de mètres plus loin, un second m’indique l’entrée du bâtiment, le temps d’une rapide fouille procédurière.

00h52 – Basement, évidemment 

J’en ressors portefeuille à la main et découvre le symbolique tunnel duquel s’échappe une lumière rouge et une fumée épaisse, un drapeau ukrainien surplombant le tout. Si un endroit retranscrit parfaitement l’ambiance humide, chaude et bruyante de Gotham, c’est bien le Basement

@Basement 

Bas de plafond mais pas trop, ce club inspiré du Berghain offre une expérience digne de ce nom. Le système son rivalise avec les plus grands et la pénombre est de mise. Tout de pierre vêtu, le club est façonné d’une multitude d’arches et de coursives au bout desquelles on se laisse abandonner, seul ou accompagné.

La salle principale, assez grande, offre une capacité qui respecte les mouvements de chacun. Jamais bondé, le bar est accessible, tout comme les gens. Plus en retrait encore, les toilettes sont d’une propreté et d’une modernité que je n’avais jamais observée encore dans aucun autre club en Europe. À l’extérieur, le coin fumeur est convival et enclavé au pied d’une cheminée en brique qui rappelle celle de Tate Modern, en plus petite, et moins effrayante. 

2h31 – Volvox tout puissante

C’est une baffe. Volvox est immense et la foule s’en souviendra. Sa techno puissante et mélodieuse fait vibrer le sol et les corps. À un petit mètre des enceintes, mes hanches sont transportés. Alternant entre acid rave et son habituelle hypnothic techno, les doigts de Volvox délivrent un set grandiose et le temps glisse d’entre les miens. Entrecoupé d’ovation, le set de l’américaine ne faiblit pas et elle prolonge le peak time, imperturbable. Plus tard, Regal prendra la relève, sans que je puisse vous en dire plus…

??h?? – Aucune idée, bonne soirée

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