Le HORST est une fête singulière de deux jours, les 8 et 9 septembre, qui marie musiques versatiles et arts visuels. Logée pour la quatrième année consécutive dans le paysage verdoyant des Flandres à Louvain (comptez 30min en voiture de Bruxelles et 1h30 de Lille), le HORST est un festival qui, paradoxalement, se hisse dans les favoris de Resident Advisor sans être encore particulièrement connu du Nord et de la capitale. Un peu comme si Le Voyage à Nantes rencontrait le Dekmantel – le tout à taille humaine et sur le site accrocheur d’un château du XVème siècle.

Derrière l’initiative se trouve ONKRUID, un collectif de fortes têtes où l’hétérogénéité des approches (musique, art, architecture, design…) et la soif d’initiative fédèrent pléthore de projets géniaux allant des soirées musicales « classiques » à la redynamisation d’espaces publics délaissés, le tout avec le concours de la ville. Le « mojo » du groupe gravite autour de deux axes : déclencher des rencontres et développer les cultures alternatives. Le HORST Festival est leur projet le plus important.

Côté line-up, la programmation dénote légèrement de celle des années précédentes. Les quelques gros noms au profil marketable qui occupaient d’ordinaire les affiches ont laissé place aux nouvelles pousses les plus en vogues. « Nous avons légèrement modifié l’orientation du line-up mais nous sommes heureux de la direction qu’il a désormais pris. On espère que le public pensera la même chose » nous confiait Jochem, l’une des têtes pensantes du festival.

Personnellement, difficile de ne pas être conquis. La programmation est un medley brillant de genres, d’influences et de nationalités. Quelques vétérans de la scène anglaise parmi lesquels Gilles Peterson, Special Request et Red Greg (attention, arme secrète…) y côtoient la crème des artistes féminines du moment, la diva disco Jayda G, l’impétueuse Helena Hauff et l’éclectique Shanti Celeste.

La perspective d’entendre mixer sur un même weekend Tako, Young Marco, Funkineven et K15 fait l’effet d’un 2 contre 2 footballistique où Robben et Sneijder taperaient des tricks avec Rooney et Walcott : de la technique de haute volée à partager avec les potes comme un bon FIFA du dimanche. La scène belge n’est pas non plus en reste. Si on ne présente plus San Soda et Lefto, nul doute que les sets de Nosedrip, DJ soFa et les passages de Le Motel (beatmaker de Romeo Elvis) et WWWater sauront vous surprendre.

Niveau artistique, le curating semble tout aussi qualitatif malgré un regard relativement novice sur la chose. Le festival prône une approche des arts visuels « in-situ » où les œuvres émergent des espaces dans lesquels elles s’inscrivent. De sorte que le public découvre tous les ans le site du festival avec un regard nouveau. Chaque année, de nouvelles scènes éphémères sont ainsi pensées et construites de but en blanc aux côtés d’installations pérennes qui peuplent petit à petit les alentours.

Une brève lecture du programme nous apprend la présence du collectif pluridisciplinaire Assemble, un crew connu des noctambules londoniens, vainqueur du Turner Prize en 2015, la plus importante distinction artistique d’Angleterre. Les belges d’aDVVT, représentants nationaux de la dernière Biennale d’architecture de Venise ont également été sollicités pour relever ce challenge scénique. La jeune artiste Amber Vanluffelen évoque quant à elle la présence d’un dancefloor alternatif d’un blanc immaculé sur lequel se succéderont performances de Voguing et Waacking. Le reste sera à découvrir sur place…

Au festival, l’objectif de l’art est de rendre le spectateur acteur, d’interroger la notion d’espace-temps, de provoquer les interactions. Des visites guidées sont organisées l’après-midi pour les festivaliers qui souhaitent, pinte à la main et clope au bec, satisfaire leur curiosité et/ou accroître leur appétit artistique.

Si le camping du festival est d’ores et déjà sold-out cette année, il est toujours possible de bricoler pour se loger aux alentours. Façon Bear Grylls (ce n’est pas les champs qui manquent) ou AirBnB sur Louvain afin de ne pas rater ce rendez-vous sur – ce qu’on appelle parfois – « le plus vieux dancefloor d’Europe ». Au XVIIème, les nobles flamands avaient ainsi l’habitude de se retrouver au château pour faire la fête. Remise sur les billets d’avion, trains, navettes et covoiturage permettent également à des visiteurs de dix-nuit nationalités différentes de se rendre sur le site, donnant des airs de meeting Erasmus aux différents foyers de feu allumés la nuit tombée.

Les années passent, les éditions défilent mais il semble que le HORST reste fidèle à sa philosophie de départ : essayer d’exceller par la qualité et non la quantité.

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News écrite par Lény Richard

HORST festival : Site / Facebook / RA

Évènement

Crédit photo : Willem Govaerts