Actif depuis le 23 mars 2016, le groupe Facebook « Beau Mot Plage », initié par Alexis et Maxime alias Hoser – que nous rencontrons aujourd’hui – a toujours conservé cette volonté polymorphe de ne jamais se conformer à un genre ou style musical en particulier. 

Hoser

À l’origine, Maxime est un DJ discret, humble mais à la qualité d’écoute et de traitement indéniable. Mixer, c’est aussi pour lui l’occasion de traiter la musique différemment que par le groupe Facebook dont il est à l’origine : « J’avais déjà organisé quelques évènements dans le Sud de la France, et aussi joué avec Traumer notamment avec qui je suis très proche depuis longtemps. Avec Beau Mot Plage, le but c’était de créer un projet avec des personnes que je ne connaissais pas du tout à la base. Fonder mon collectif, c’était aussi pour que ça fasse sens de faire autre chose que mixer, pouvoir contribuer d’une autre manière à la scène électronique.« 

Une finesse d’écoute longtemps maturée par d’autres styles de prédilection, « la techno, la house, le disco« , pour petit à petit s’ouvrir à plusieurs autres niches. Le morceau qui lui a fait découvrir la micro house ? « Ce n’est pas mon préféré aujourd’hui, mais celui qui m’y a amené ce serait Monsieur Georget, un alias de Chris Carrier. Et puis très vite Raresh, et notamment le label Ultrastrech fondé par Sammy Dee.« 

Beau Mot Plage : un large spectre de styles musicaux

Avec Ramen Break, spécialisé dans la Break et Bass Music et tous les sous-genres qui s’y associent, Beau Mot Plage est le seul groupe de La Chinerie à ne pas associer volontairement son nom à « Chineurs de » (Chineurs de House, Techno, Rap, des Origines…). « Quentin (un des fondateurs de la Chinerie) nous a proposé de faire partie du projet, et nous avons évidemment tout de suite accepté. On est très liés avec le collectif mais il y avait une réelle envie de développer notre identité personnelle, surtout que l’idée de base c’était de proposer des podcasts. » Fondé par Maxime et Alexis, qui faisait déjà partie intégrante de la communauté Chineurs de House et s’édifiait comme un de ses plus fervents passionnés de la branche micro, la démarche était de « faire quelque chose dans un style plutôt minimale/micro« , mais sans s’associer à un genre ou style musical en particulier.

« Beau Mot Plage balaye un spectre assez large de styles musicaux, ce serait difficile d’en cerner un en particulier. C’est aussi quelque chose qui est sujet à évolution, du coup on préférait ne pas s’avancer trop rapidement. » Micro house roumaine, minimale allemande, influences techno et house… Un groupe sans barrières et sans volonté de catégorisation, plutôt porté par le ressenti que l’on peut avoir avec tel ou tel style musical. « Par exemple en ce moment il y a un engouement pour le revival electro, et on englobe aussi ça alors que ça n’était pas forcément quelque chose auquel on avait pensé à la création. On évolue comme les musiques et les courants évoluent. »

Une manière différente de consommer la musique, que Maxime analyse comme une porte sans cesse entrebâillée et avide d’incorporer une multiplicité de styles : « On est dans une période où les gens sont assez volatiles sur les styles et les musiques, du coup il y a les grands courants de la house et de la techno et une infinité de sous-catégories dedans. Se limiter à un style très précis c’est peut-être un peu bête, et ça ne correspond pas au mode de consommation de la musique actuelle. Nos goûts musicaux évoluent au fur et à mesure des tendances – et ceux du groupe aussi. Notre but, c’est justement de l’accompagner, pas de le brider.« 

Créé le 23 mars 2016, le lancement de l’identité Beau Mot Plage se fait un an après la création du groupe Facebook presque jour pour jour. « On a refondé toute l’identité visuelle en vue de la soirée. Jeanne Frantz, notre graphiste, a écouté tous nos podcasts et l’a conçu au fur et à mesure de son écoute. Il y a forcément un lien cohérent et indispensable avec la musique que l’on propose sur le groupe. Quelque chose de clair, épuré, mais qui puisse raconter beaucoup de choses en peu d’éléments. « 

Mais « Beau Mot Plage », d’où ça vient ? « Selon Wikipédia, c’est le premier morceau de micro house par Isolée. C’est pas forcément vrai, mais on trouvait que le nom était sympa, ça reste français même si ça veut rien dire (rires). C’était le clin d’œil un peu drôle. »

L’autre point fort du groupe, c’est sa modération. Quand nombre de groupes Facebook peinent à gérer les propos de leurs membres parfois houleux, parfois décidés à ne pas respecter les règles instaurées, l’aura épurée de la micro/minimale semble calmer les esprits chez Beau Mot Plage. « On fait un peu figure d’exception parce qu’on n’a pas de filtre sur le groupe. On pensait le mettre en place quand ça serait nécessaire, mais il s’avère que jusqu’à maintenant les membres s’auto-gèrent ! » Tous les arguments semblent donc réunis pour aller y dénicher la pépite que l’on cherchait depuis longtemps : « Niveau qualitatif, franchement la communauté est géniale, il n’y a quasiment rien de hors-sujet et aucune animosité.« 

La Release Party au Petit Bain pour les 1 an

Une passion, un groupe Facebook, et dans la logique une Release Party de leur première année déjà bien entamée, qui aura lieu au Petit Bain ce vendredi. Leurs invités : Teluric, « un roumain qui n’a jamais joué en France selon Resident Advisor. Je trouvais ça chouette de le faire parce que c’est quelqu’un qui a sorti quelques EPs qui ont bien marché mais qui ne tournent pas plus que ça. » Et à ses côtés, Nunes, « un jeune montpelliérain très doué qui nous suit depuis le début. Il avait fait notre troisième podcast.« 

Car le but premier de tous ces groupes issus de La Chinerie, c’est avant tout d’offrir la visibilité de leur réseau à des artistes qui n’en ont pas réellement l’occasion. Un positionnement fort partagé par l’équipe : « Je trouve ça intéressant d’avoir un véritable suivi avec eux et pas seulement du one shot, et c’est ce que le groupe Beau Mot Plage permet. Ce sont des artistes en qui on croit, qu’on aime et qu’on voudrait surtout développer. C’est l’artistique qui prend le dessus sur les intentions de bookings.« 

Un projet mené de front notamment grâce à l’initiative de leurs podcasts, initiés à la source de Beau Mot Plage et partagé avec La Chinerie : « Ça va s’intégrer dans un planning global avec La Chinerie, on essaie d’organiser ça de la manière la plus ordonnée possible. On va toujours essayer de garder à l’idée de faire aussi des podcasts d’artistes émergents et leur donner de la visibilité au maximum. En somme, aux artistes auxquels on croit. » Garder l’esprit de tremplin défricheur de talents, dissimulés aux quatre coins de la France.

Et il faut dire que l’équipe a vu les choses en grand : « On fait la totale, de l’apéro à l’after ! » Une première partie de soirée au Petit Bain divisée en deux espaces (la cale et la terrasse), dont le choix paraissait évident. « Leur direction artistique permet d’avoir le club sans avoir un background d’organisation de soirées solide, et ça montre une ouverture d’esprit et une confiance remarquable de leur part. » Le but de cette Release Party : permettre aux gens du groupe Facebook qui échangent chaque jour virtuellement de pouvoir se rencontrer, et inscrire physiquement l’avancée d’une année de travail. « Je pense que c’est indispensable. C’est facile de poster un commentaire ou un morceau, mais c’est super de venir et de créer des liens avec eux. Ces occasions-là sont précieuses. »

La soirée s’enchaînera sur un after au Café Barge avec Teluric et Nunes, mais aussi les collectifs Latence SoundsystemInertie et Senju qui avaient déjà fait vibrer la péniche lors d’une première édition il y a quelques mois. L’occasion pour ceux qui aurait été trop pris ailleurs durant la nuit de venir savourer les sonorités de Beau Mot Plage à l’aube….

Découvrir la minimale, micro et toutes les branches qui en découlent

Beau Mot Plage s’est également investi dans le festival de La Chinerie, et avait délivré ses intentions de programmation en vue d’une possible scène micro house. Dans les découvertes : Nunes, Charonne, Martin Debaere ou Thilo Dietrich, « pas encore des têtes d’affiches mais qui ont largement fait leurs preuves« , le français Lamache présent à l’édition de printemps du Sunwaves « qu’on aime beaucoup et qui a une culture musicale et une collection absolument dingue » et puis Lazare Hoche – dont le style musical polymorphe s’inscrit parfaitement dans l’éthique de Beau Mot Plage. Côté têtes d’affiches, l’équipe rêverait d’inviter Ricardo Villalobos ou ZIP (« même si ça n’est pas trop possible (rires) ou CAP, « le dieu roumain des djs roumains. » Et il n’y a qu’à regarder le mur du groupe Facebook pour s’en rendre compte : une vraie vidéothèque dédiée à l’après-Sunwaves !

La Roumanie, berceau de la musique minimaliste, Maxime a déjà eu l’occasion de s’y immerger. « C’était pour l’anniversaire de Bucuresti Underground, j’y étais allé avec Romain (Traumer), on on avait fait un set à 2 au milieu d’une teuf de 60h. C’est la mode de là-bas : ça commence le vendredi et ça termine le lundi. » Une autre manière de faire la fête qu’espèrent importer l’équipe de Beau Mot Plage, séduits par cette manière de réfléchir à une soirée « dans la durée » – totalement différent de la scène française et surtout parisienne.

À l’heure où des collectifs comme Insomnia ou Rakya investissent la musique minimale/micro dans les vastes espaces des warehouses, on demande à Maxime quel lieu serait le plus adapté. « Je pense que ça peut se faire un peu n’importe où, ça dépend qui joue, et ça dépend surtout du soundsystem. C’est une musique qui pour le coup est très exigeante sur le soundsystem, il vaut mieux un petit club avec un très bon soundsystem qu’une warehouse avec un soundsystem moyen, et inversement.« 

Et quand on lui demande comment tirer son épingle du jeu sur un paysage culturel parisien déjà saturé, Maxime lui se veut humble et raisonné. « On ne se presse pas. On a créé l’évènement un an après la création du groupe, on a envie de créer les choses dans la durée. Faire les choses quand on le sent et les faire le mieux possible. » En définitive, le collectif porte comme volonté primaire de se fier à l’évolution de la musique : « Je pense – et c’est un peu le schéma qui a été prouvé les dernières années – qu’il y a une évolution tous les 20 ans, la dernière c’était la musique électronique. Je pense que c’est assez cyclique, la minimale c’était en pleine explosion début 2000 jusqu’à 2005/2006, puis il y a eu un ras le bol avec l’électro clash, puis c’est revenu… C’est cyclique. »

Nul doute qu’avec une si belle vision de la musique et de la scène qui peut la porter, Beau Mot Plage remplira nos attentes du week-end dès vendredi soir !

Le passeport musical commenté de tous les membres de l’équipe Beau Mot Plage 

Gauvain

Magnifique track lancinant et aquatique du duo anglais Deviance, plus connu sous le nom de Slam. L’EP duquel il est issu date de 1996, et présente une facette plus House des deux compères, plus connus pour leurs productions techno. Ce sera hélas leur seul disque sorti sous cet alias sur le label hollandais Touché, à notre grand dam. Très bon track pour se perdre dans son salon ou pour s’échauffer.

Sled

Je voulais mettre à l’honneur la micro française en ressortant l’Elephant Moon de Zendid de derrière les fagots. C’est leur EP le plus house, mais ils impriment totalement leur patte sur le genre en poussant le côté analogue du morceau avec déjà ce dialogue de basslines qui les caractérise. Celle là a quelque chose de particulier, des nappes qui me font penser aux derniers niveaux de Super Mario sur Nintendo 64, quelque chose personnel qui fait ressurgir certaines émotions et me laisse seul face à mes pensées.

Hal X

Un track au groove incroyable, de quoi retourner un dancefloor à tous les coups mais surtout un track classe, et c’est bien ça le tour de force d’Audio Werner, communiquer une énergie folle sans jamais tomber dans la vulgarité. L’allemand nous montre une nouvelle fois que c’est un artiste complet et extrêmement talentueux.

Thomas Chauveaux

Rien de très chiné, mais c’est un travail proche de la perfection. Une maîtrise du groove incroyable, un climax renversant, une vocale incompréhensible et entêtante, une track qui ne peut laisser personne insensible.

Mole

C’est le tout premier morceau de Dorisburg et de house minimale que j’ai entendu de ma vie. Depuis ce jour ce track ainsi que le courant minimal suédois inspire de manière omniprésente mes sets, ma technique et bientôt mes productions. Il y a une sorte de profondeur incroyable dans leurs sonorités qui dépasse l’entendement. Une sensation entre apesanteur et hypnose s’empare de moi à chaque fois que j’entends ces rythmes si particuliers et ces nappes de grande élégance.

Seb

Comment ne pas parler de Petre Inspirescu, sûrement le pilier de la techno roumaine. A la tête du célèbre Arpiar il nous propose ici une production comme lui seul en a le secret. Doux minimalisme sous fond de vocal latino, laissez-vous transporter dans son univers….

Hoser

Pour moi Ion Ludwig est un des producteurs les plus intéressant de la « scène » notamment pour sa versatilité. L’exemple est fait avec ce track et plus largement l’album donc il est extrait (Fee K.Loudwiggle) qui oscille entre house, minimale et sonorités jazz ou ethniques. Le tout avec une finesse et une créativité folle !