Romancer le monde de la nuit : la photographe lyonnaise Juliette Valero s’est faite une place de choix en capturant la vie nocturne, avec comme « dénominateur commun l’abandon de soi, et le partage du moment présent. » Rencontre.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Juliette Valero, j’ai 27 ans et j’habite Lyon. J’ai la chance et le privilège de vivre de ma passion depuis 2017 ! J’ai toujours adoré la photo, depuis toute petite. J’ai été très vite fascinée par ce médium qui permet de figer l’instant à jamais, de le rendre intemporel.
Quelles sont tes influences artistiques ?
Étonnamment, mes plus grandes inspirations sont plus cinématographiques que photographiques. Les films d’Hitchcock sont pour moi d’une photographie incroyable. J’ai un gros péché mignon pour le réalisme poétique d’après guerre notamment, les films de Marcel Carné possèdent une composition et d’une lumière assez folle. J’aime beaucoup l’esthétique des photos des années 90s / 2000s avec laquelle j’ai grandi, avec des photographes tel que David LaChapelle ou encore Martin Parr qui ne sont plus à présenter.
Photographie et culture de la fête sont intimement liés, quelle est ton approche de la photographie dans ce milieu ?
J’ai connu la fête en tant que cliente tout d’abord. Le monde de la nuit toujours autant fasciné qu’apeuré. Lorsqu’il a été question de faire des photos de soirées, je me suis tout de suite dit que j’avais envie de romancer le monde de la nuit.
Pas question pour moi de faire des simples photos à la « Soonight » ou encore « Weemoove ». Il est primordial de passer inaperçue le plus possible, ainsi les gens ne me voit pas et sont moins tenté de poser. J’aime vraiment ce challenge de réussir à saisir un moment qui ne dure que quelques secondes. Car si l’on est pas assez réactif, ce moment s’évapore avant qu’on est pu le prendre en photo.
Pourquoi as-tu choisi de photographier des évènements de musique ? Photographies-tu autre chose ?
Je n’ai pas vraiment choisi ! On m’a très vite proposer de bosser dans des lieux culturel à Lyon, mais j’ai longtemps hésiter car jusqu’a lors je ne photographiais que des événements qui me plaisaient personnellement. J’avais cette crainte de couvrir un événement pour lequel la musique ne me faisait pas vibrer, et que cela se retranscrive sur mes clichés. Et finalement pas du tout, car d’un genre musical à l’autre, la magie du monde de la nuit opère toujours.
En plus de la photo événementielle, je fais également beaucoup de photos presse, photos de mode, streetphotography et également des shooting produit. J’adore avoir un éventail de compétences relativement large, ça me permet de varier les plaisirs !
Le.s évènement(s) sur lesquels tu as préféré shooter ?
Et bien, il y a quelques jours se sont finis les Nuits Sonores, à Lyon. J’ai eu la chance de faire partie de la team des photographes officiels couvrant le festival. C’était INCROYABLE. Des horaires colossaux, pas beaucoup dormi, beaucoup couru mais quel plaisir. Le temps est passé si vite, je n’ai jamais travaillé aussi longtemps d’affilier sur un événement, pourtant les heures défilaient à allure folle ! Entre les artistes à prendre en photos, les festivaliers, il y avait temps de jolis clichés à réaliser. Je ne savais presque plus où donner de la tête !
Une photo que tu n’as jamais publiée mais qui a du sens pour toi ?
Je n’ai jamais publié ces photos , je ne sais pas trop pourquoi.
Mais parfois, lorsque j’apprécie une photo, j’aime qu’elle reste mon petit secret à moi! Comme si je n’avais pas envie de la soumettre à cette fameuse évaluation du nombre de « likes » sur Instagram. Mais j’aime le message qu’elles transmettent toutes : une vision de la fête, ma vision finalement. Le dénominateur commun est toujours l’abandon de soi, et le partage du moment présent.
Si tu devais résumer « La fête » en une photo ?
Pas facile comme question ! Après avoir fait un tour des mes archives, je pense que j’ai trouvé quelques photos qui répondent à cette question.
J’aime beaucoup celle ci.

La mise au point n’est pas faite, la photo est donc floue, « blurry », lumineuse. Finalement, elle simule l’expérience que l’on vit lorsque qu’on sort faire la fête, et parfois des bribes de souvenirs qu’on en garde. J’aime aussi beaucoup celle-ci.

Elle aborde pour moi un sujet important : être une femme qui évolue dans le monde de la nuit. D’ailleurs, vous avez sûrement remarqué que sur la quasi totalité de mes photos, le sujet central est toujours féminin ! Être une femme qui sort faire la fête c’est la peur d’être embêtée, touchée, droguée. En ce moment la peur la plus répandue dans les clubs européens, est celle d’être piquée. Cette photo démontre la force de la femme, qui ne cède pas à la peur, et ne va pas à l’encontre de ses libertés. Cette photo montre la femme qui sort faire la fête n’a pas peur de s’habiller comme elle veut, de danser, de chanter, de crier, de profiter.
Suivez Juliette Valero sur Instagram et retrouvez son portfolio directement sur son site.