Il y a quelques mois, le collectif parisien Beau Mot Plage nous accordait une interview avant leur Release Party au Petit Bain. À l’époque, les signes étaient déjà annonciateurs : Nunes, « un jeune montpelliérain très doué qui nous suit depuis le début », avait fait ses preuves dans la cale du Petit Bain aux côtés de Teluric. Quelques mois plus tard, nous découvrons que Nunes est l’auteur du premier EP signé Beau Mot Plage (BMP001), l’occasion d’en savoir plus sur ce producteur talentueux. 

Hello Nicolas ! Ravi de t’avoir parmi nous. Pourquoi Nunes, et qui est Nunes ?

(Rires) La question redoutable ! Tout simplement car c’est une partie de mon nom de famille, et surtout parce que mes potes m’ont toujours appelé comme ça. Je n’ai pas cherché bien loin !

Tu as déjà produit pour les labels anglais Novus et Wavetech, mais aussi pour le label néerlandais Bla Bla de Daniel Sanchez, avec Alagoa EP tu signes ton premier EP sur vinyle et sur un label français. Tu peux nous dire comment s’est passée la rencontre avec Beau Mot Plage et pourquoi eux ? 

La rencontre avec Beau Mot Plage a été assez drôle, un hasard total. On a un pote en commun avec Hoser qui nous a naturellement mis en contact. On s’est direct super bien entendu, il m’a invité sur un gig à Toulouse en after de Sonja Moonear et Traumer, c’est là que l’on s’est rencontré et que l’on est devenus de bons amis. Par la suite, je lui ai envoyé quelques tracks qui traînaient par-ci par-là, Max m’a demandé si cela m’intéresserait de faire le premier Beau Mot Plage et j’ai accepté avec grand plaisir. Rien de mieux que de bosser avec des passionnés et surtout des amis. J’ai rencontré ensuite toute la troupe sur Paris lors de la soirée au Petit bain avec Teluric, qui était d’ailleurs un sacré marathon !

Retrouvez l’EP complet sur Discogs

On retrouve dans tes productions une vraie vibe jazzy, d’où te vient cette passion pour le genre ?

J’ai fait quelques années de guitare, et ayant un père musicien et passionné par tout style de musique, je suis tombé dans la marmite étant tout petit en passant mes journées à écouter et essayer d’analyser les notes qui sortaient des enceintes du salon. Tu pouvais entendre dans la même journée de la musique africaine, indienne, du jazz, du rock, du blues et tous les styles imaginables. C’est vraiment dans cette culture-là que je me retrouve, et je pense que j’apporte naturellement cette diversité dans ma musique.

Puisqu’on est dans la partie production, tu pourrais un peu nous parler de ton set-up et de la façon dont tu produis tes tracks ?

Rien de plus simple que mon ordi, Ableton, pas mal de VST’s, mon clavier midi et mes oreilles. J’avoue que plus le temps passe et plus je suis attiré par les machines. Mais je n’ai pas encore trouvé celle qui me correspond totalement. En ce qui concerne la façon de produire, je ne pense pas avoir de façon particulière. J’aime créer en tout premier les textures, les basses et tout construire par-dessus, mais il n’y a pas vraiment d’ordre, cela dépend des jours et ce que tu peux avoir dans la tête.

Tu as déjà eu l’occasion de partager la scène avec des artistes bien installés comme Sammy Dee, Priku ou encore Ion Ludwig, est-ce que tu as certains artistes, électroniques ou non que tu pourrais citer en source d’inspiration et nous expliquer un peu pourquoi ?

Je dirais Denis Kaznacheev & G76. Ces deux mecs ont un putain de point commun, ils te font des drums et des basses millimétrés mais à la fois complètement déstructurés, c’est vraiment ce genre de chose que j’aime.

Ricardo Villalobos bien évidemment pour tout le travail de texture, d’ambiance et tous les styles qu’il peut inclure dans sa musique.

Parlons maintenant du dj, combien de temps passes-tu à chercher de la musique ?

C’est une question difficile. Je passe mes journées à écouter de la musique, je mets de côté tout ce qui m’interpelle. Je ne prépare jamais mes sets à l’avance je prends tout ce qui me passionne sur le moment et c’est la surprise au moment venu.

On est dans une ère très digitale, est-ce que pour toi c’est un bon outil de dig ? Je pense ici à toute la sphère des groupes de social digging comme Beau Mot Plage mais aussi d’autres outils, comme Youtube ou Discogs ?

Je ne vois pas les groupes de social digging comme un outil de dig, mais plus comme un outil de partage. Après c’est un point de vue entièrement personnel et je trouve cela cool que ça existe.

En ce qui concerne Youtube et Discogs, oui pour moi ce sont des supers outils de dig car à l’heure actuelle, en fouillant bien, on peut trouver des trucs incroyables sur ces deux plateformes. Je pense que le ‘’dig’’ pour un artiste est une chose importante et entièrement personnelle, d’où la comparaison des deux plateformes.

C’est quoi le dernier disque que tu as acheté ?

HPLS003 – HAMID – Denis Kaznacheev – G76 (le combo de l’extrême)

Et le tout premier ?

Lone – « Airglow Fires »  – R&S Records

Notre motto chez Dure Vie : “La vie est dure, on vous l’adoucit”, tu peux nous dire ce qui personnellement te l’adoucit ?

Fermer les yeux et écouter Eberward Webert – « Bird out of cage ».

Hors d’Œuvre – Question à Traumer sur son remix : “Pourrais-tu nous parler du remix. Pourquoi as-tu voulu remixer les tracks en une, chose assez inhabituelle ? Qu’est-ce qui t’a plu dans le travail de Nunes ? »

J’aime procéder comme ça désormais, je trouve que cela change de la simple revisite d’un seul et même morceau – ça permet d’aller plus loin, de proposer une nouvelle vision plus générale d’un maxi, plutôt que d’une seule piste. Et c’est aussi tout simplement plus surprenant, regarde, tu poses la question.

J’aimais beaucoup les différents éléments de Nunes, les détails, les parties atonales comme celles musicales – c’est assez inspirant de travailler avec ses créations. De façon assez naturelle je me suis senti inspiré pour remixer ces 3 morceaux ensemble.

Interview signée Thomas Chauveaux, un des cofondateurs de Beau Mot Plage. Merci à lui.

Nunes : Facebook / SoundCloud / DiscogsRA