Sary aka HEAR est un dj international qui a fait ses preuves dans de nombreux clubs internationaux comme le Watergate, le Basement, le Salon Daomé, le Stéréo… ou encore des évènements comme le Piknic Electronique, l’Igloofest, le Mutek… De plus, il a lancé dernièrement son label Naissance Musik. En gros, pas mal d’actualités dont on va parler dans ce format à la limite du focus !
•
Dans quelle optique créer le label Naissance Musik ? Pourquoi cette envie ? Y’aura t’il une ligne artistique particulière, un genre particulier de musique ? Seulement des collabs (San Proper + Hear / Hear + Hakim Murphy) ?
Naissance Musik est un espace de création artistique libre, partant de la liberté qu’apporte la musique. Le label rassemble et mélange une superbe imposition d’émotions, et raconte des histoires qui font vibrer les gens. L’idée est d’aller au-delà de ce qu’on connaît, de la violence à l’amour, des origines tribales au futur.
Il n’y aura évidemment pas que des collabs sur Naissance Musik. Tant que les morceaux font vibrer, je suis prêt à les signer sur le label.
Le deuxième vinyle de Naissance Musik, NM-02, est avec San Proper. Comment l’as-tu rencontré ? Il me semble que c’est un bon ami à toi ? Vous allez rester sur le même esprit que le NM-01 ? Vous avez déjà fait des dates ensemble ?
J’ai rencontré San dans une soirée où l’on jouait tous les deux à Montréal. Nous avons tout de suite jammé et le feeling est bien passé. Durant son séjour, nous avons passé pas mal de temps ensemble et de là a commencé notre collaboration.
L’esprit est très diffèrent du NM-01. Il représente un bon compromis entre San et moi. Un clip du morceau B1 « The Groin » sera réalisé par Hany Tamba, qui a été primé au César 2006 du meilleur court-métrage. Ce track est très lent, 89bpm, on s’approche un peu du rythme hip-hop. Il est possible de l’accélérer, ça donne un style grungy. La A1 sera quant à elle davantage dancefloor. Et pour la petite anecdote, San chantera !
En tout cas tout ce projet est très différent de Dream Scoring.
La création de Dream Scoring (Hear + Hakim Murphy) amène à penser que vous allez faire pas mal de collab. Vous pensez que ce duo prendra plus d’importance que vos carrières personnelles ? Vous avez prévus des premières dates ensemble ?
Dream Scoring est aussi une collaboration qui s’est formée intuitivement. Ça a commencé avec des jams imprévus dans le studio, qui duraient plus de 8 heures d’affilée. Après quelques sessions, nous avions de quoi faire un album entier, mais on n’a pas voulu s’arrêter là et bien au contraire, on a continué de créer des EPs et des morceaux très différents l’un de l’autre, dans une certaine osmose. Nous avons décidé de nous diversifier. Nous venons de sortir le premier EP en Vinyl 12”, « Images Of A Myth« , chez Naissance Musik et le 2ème, « Cinematic Panoramas« , sortira début 2017 chez Synapsis Records (Chicago).
On compte conserver nos projets perso bien sûr. Nos compositions communes constituent notre lieu de rencontre. Dream Scoring, c’est une musique qui est composée pour un rêve. L’idée était aussi de faire de la musique « de film », c’est à dire avec un espace spatial et mental.
De prochaines dates vont être annoncées bientôt !
Tu vas sortir un EP sur Naissance Musik avec Dream Scoring (NM-01). C’était cohérent pour toi j’imagine de sortir du Hear (sous Dream Scoring) comme première release ? Pour donner un peu l’esprit du label ? Pas trop de pression quand on lance son label ?
Dream Scoring est un espace de rencontre entre Hakim Murphy et Hear.
Pour Naissance Musik, je porte en moi ce projet depuis longtemps et j’ai voulu prendre mon temps pour bien le developper. Je suis confiant et je me suis entouré d’artistes que j’admire beaucoup. J’ai confié les visuels du label et du premier vinyle à Céline Bedat, une artiste peintre de Paris. Et à un écrivain français, Manuel Benguigui, pour les textes du projet. Je suis très heureux de ces collaborations pour le lancement de Naissance Musik. On est distribué par Diamonds and Pearls Music (Berlin).
Ça a été long de prendre une telle décision… Tu as toujours envie de changer de direction pour te renouveler sans cesse. C’est comme un film. Tu as toujours envie de faire un film différent. Ça fait plusieurs années que j’y pense. C’est important de signer avec un bon distributeur qui a un bon réseau et qui est professionnel. Diamonds and Pearls Music est super.
J’ai voulu prendre mon temps à le créer sans y passer 100% de mon temps. Je veux garder mon côté créatif, et garder du temps pour mes productions.

Vinyl Cover © Naissance Musik • Céline Bedat
Quel genre de musique et d’histoire vous cherchez à raconter ? Vous souhaiteriez qu’elles transmettent quel genre d’émotions ?
La musique est un langage, et j’aime son mystère. Tant que la musique est bonne. Simple ou complexe. On est davantage dans une approche de découverte.
Y’a t’il une piste pour le NM-03 ?
Oui, mais c’est trop tôt pour en parler !
On peut imaginer des représentions en live avec Dream Scoring ?
Oui sûrement ! Car la musique est construite dans une approche d’improvisation, nous aimons jammer et communiquer ensemble, et surtout expérimenter, se rechercher et parfois aboutir à un paroxysme. La musique se veut intuitive et émotionnelle, une musique qui suit nos pulsions et nos humeurs.
Tu utilises quel genre de machine pour la production ? Les Lives ?
Mon studio est composé d’un mélange d’instruments vintages et modernes. D’un système modulaire qui sert à faire des liaisons assez complexes et qui peut être utilisé comme simple boîte à effets ou à générer ses propres sons. De convertisseurs analogues à digital et vice versa, des pédales de guitares, et d’une immense gamme de fréquences. L’idée est de pouvoir composer et d’enregistrer avec la meilleure qualité.
D’après ta biographie, tu aimes beaucoup le live. Pourquoi autant que ça ? Qu’est ce que ça apporte de plus pour toi ?
J’aime beaucoup l’improvisation et créer de la musique d’une façon intuitive. J’aime capter l’ambiance d’un endroit, comprendre son acoustic et m’adapter. Et surtout de voyager avec le public, de sentir que je flotte aussi, que le temps s’arrête.
C’est ce que j’aime dans le live, ou le djing, c’est une musique de troubadour, une musique de l’instant. Il y a une partie exploratrice importante. C’est une musique du ressenti, d’improvisation, qui ne se répète jamais. Le sentiment d’aboutir est merveilleux, car moi-même j’en suis étonné et souvent je dois ré-écouter l’enregistrement pour savoir ce qu’il s’est passé.
Penses-tu que tes études en production de film, en géologie, en danse moderne, en voyage spatial t’ont aidées pour le Djing ? Ou même seulement en terme d’inspiration ?
Ces expériences éclectiques reflètent mon caractère et se retrouvent dans mon approche de la musique qui est aussi éclectique. Je crois que mon experience de la vie apporte une touche personnelle à ma musique et à ma façon de m’exprimer.
J’ai fait des études en beaux-arts et je me suis spécialisé en réalisation de cinéma. J’ai mûri artistiquement, j’aborde le djing comme une forme d’art, comme une discipline artistique, qui évolue d’une façon improbable, là où les mouvements de mon corps vont créer la dynamique. Et puis l’idée de l’espace (space) dans la musique est désirable !
Le projet de musique classique avec Alexandre Solopov a l’air d’être un projet très intéressant. Tu peux nous en dire plus ?
Alexandre Solopov est un pianiste de musique classique ultra doué que j’avais rencontré à Montréal. Il avait aussi créé de la musique pour mon court-métrage de 2006, « Doobie Pink or How I quit Being a Party Freak ». Puis nous avons commencé à composer ensemble en studio, l’expérience était incroyable ! Nous avons cherché à élargir nos idées, à explorer et à créer des sons merveilleux en musique électronique. Mon but était surtout de créer une musique où nous avions un espace d’expression, sans structure, avec l’envie d’aller vers un son plus libre. Nous avons sorti 2 morceaux ensemble sur mon Album « Sonic Limbo » sortit en 2013 sur Archipel.
Ce n’est pas du tout la même approche en musique classique et en musique électronique. Il croît que la musique classique a atteint son apogée et que la musique électronique a tout à créer. Il pense aussi qu’avec la musique électronique, la musique classique peut reprendre un nouveau départ.
QUESTIONNAIRE INTERVIEW DÉCALÉE
La plus grande fierté de ta vie ?
La communication avec ma famille et mes amis.
C’est quoi le plus dur dans ta vie d’artiste ?
Trouver le temps de manger proprement et de cuisiner.
Un morceau improbable que tu écoutes en cachette ?
Je n’écoute aucun morceau en cachette. J’aime vraiment tout genre de musique, mais c’est vrai qu’il m’est arrivé d’écouter seul des morceaux en repeat mode pendant des heures, comme par exemple « A Day In The Life » des Beatles ou « La Ballade de Melody Nelson » de Serge Gainsbourg.
Avec quel artiste/personne public aimerais-tu partager un repas ?
Stanley Kubrick.
Ton pire « Random memories » de soirée ?
D’avoir trop bu sans manger quand j’avais 18 ans, je te laisse imaginer la suite.
Une blague pas drôle que tu peux raconter ?
Il y a quelqu’un qui marche, marche, marche, puis tombe dans un trou.
Plutôt concert ou clubbing ?
Les 2.
Ce que tu sais faire de mieux hors de la musique ?
Plein de choses, entre autres réalisateur (fiction – cinéma).
3 morceaux qui ne quitteront jamais ton DJ Bag / Ipod ?
Choice & Laurent Garnier – Acid Eiffel (1993)
Pepe Braddock – Deep Burnt (1999)
Lou RawIs – Dead End Street Monologue (1976)
Tu aurais fait quoi si tu n’avais pas fait de la musique ?
Réalisateur de Cinéma.
As-tu déjà profité de ta position d’artiste en soirée ?
J’ai toujours été un artiste.
Si tu devais te réincarner en animal ?
En aigle ! Celui qui est plus haut, qui veut toujours être au-dessus, qui chasse. À 15 ans, ils ont le choix entre mourir et revivre 15 ans de plus.
Ou alors un chat. J’ai un chat, Houdini, il a la belle vie. Tu fais tout pour lui. Le chat veut prendre ta place. Avec ta copine, il s’impose. Tu les aimes et eux ne t’aiment pas en retour. Le paresseux qui ne fait rien et à qui on offre tout. Quand je joue de la musique, il devient le techno cat. Il est là pendant toutes les afters. Il est connu dans le monde de la fête à Montréal !
Ton club préféré ?
Bonne question… C’est surtout la soirée qui compte. Un super club peut être moins sympa si la soirée n’est pas à la hauteur.
Une anecdote « Dure Vie » à nous raconter ?
Mixer 16h d’affilée et avoir sa propre épiphanie.
Le vinyle le plus cher en ta possession ?
Ca fluctue très souvent, ça m’arrive de découvrir des vinyles qui sont hors prix sur discogs.
Le plus grand enchaînement d’after ?
Après Mutek à Montréal, j’ai rencontré Move D de cette façon. Nous avons mixé ensemble plus de 10 heures, ce qui a abouti à notre premier EP sorti en 2013 en vinyle. Voici le review de RA.
Pas de voisin chez moi donc la vraie folie. L’appartement a été sans dessus dessous, j’ai dû prendre 2 femmes de ménages pour le laver. Tout ça avait été rendu possible grâce au collectif Made In MTL que j’ai créé. On a invité Move D, Margaret Dygas…
Ton premier vinyle ?
Le premier que j’ai sorti est ma collaboration avec Move D, « Distant Voices » sur Archipel.
Et sinon le premier vinyle que j’ai eu, un lot offert par mes parents avec du Steevie Wonder, Beegees…
•
On se quitte en musique avec un podcast exclusif de Hear pour Dure Vie. Vous pouvez retrouver la tracklist ici.
•
On retrouvera Hear le 23 décembre au B018 à Beirut, ainsi qu’à Londres le 31 décembre pour une soirée privée (en espérant que vous faites partie des heureux invités !)
HEAR : FACEBOOK / SOUNDCLOUD / SITE OFFICIEL
NAISSANCE MUSIK : FACEBOOK / SOUNDCLOUD