Photo à la une : Jano Janrosowki
Le duo toulousain INFRAVISION, formé par Pablo Bozzi et Kendal, est l’un de nos coups de cœur du moment. Avant de les recevoir le samedi 3 septembre pour un extended set de 8h dont ils ont le secret, retour sur les débuts et influences d’un son 80s à la croisée entre italo disco, EBM et new beat, jusqu’à la trance des 90s.
Vous êtes partenaires de platines sur scène. Comment s’est construite cette relation musicale ? Quel est votre secret d’un B2B maîtrisé où chacun peut s’exprimer ?
On s’est rencontré à Toulouse il y a environ 5 ans car on partage le même noyau dur d’ami.e.s. On est rapidement devenu pote et maintenant on peut dire que c’est à la vie à la mort !
Nos influences communes issues des 80s nous ont très vite donné envie de collaborer ensemble, ça a donné le track Corpo Meccanico sorti sur le premier EP de Kendal chez Moustache Records, label du génialissime David Vunk.
Ce morceau navigue entre italo, EBM et trance, avec des samples de Blade Runner, et on y a posé (sans le savoir !) les premières bases de notre projet INFRAVISION mais aussi du genre qu’on aime appeler Italo Body Music.
On a passé le premier confinement ensemble en avril 2020 dans le studio toulousain de Kendal afin de produire notre premier album. On a passé plus d’un mois à penser son et production H24 tandis que c’était la sidération et l’incertitude dehors. On est très content d’avoir enfin sorti notre LP Illegal Future sur Fleisch Records en juin dernier.
Pour nous c’est très facile de jouer en B2B on digg la plupart des mêmes tracks et on se fait confiance les yeux fermés pour s’en faire découvrir d’autres en plein set. On prend beaucoup de plaisir et on tient à ce que ça soit communicatif. Notre secret, on le tient de notre coach : Arsène Banger.
Quelles sont vos influences respectives ?
Les filmographies de Dario Argento, Cronenberg, Verhoeven, Carpenter ou Lynch ont profondément marqué notre imaginaire et notre esthétique. Quand on compose, on a envie que notre musique évoque des images et des émotions, c’est surement aussi pour ça qu’on aime beaucoup le son 80s qui véhicule instantanément un imaginaire très fort.
De nous deux, seul Pablo est basé à Berlin mais c’est plutôt Toulouse et son état d’esprit qui nous influence aujourd’hui dans notre approche et l’envie de mélanger les genres musicaux de manière totalement décomplexé en s’en foutant des “puristes”. Ici on est entourés de plusieurs producteurs et DJs issus d’univers différents et à force de jouer (ou finir en after…) ensemble on a fini par tous se nourrir des sets de chacun.
C’est pour ça qu’on aime particulièrement faire des extended sets dans lesquels on peut prendre le temps d’explorer plusieurs genres et varier le tempo.
Quel set up vous fait rêver en matière de production ?
Une SSL 4000G+ en table de mix, un CS 80, un Emulator II, un Prophet 5, Korg M1 et Jupiter 8 pour les synths, LinnDrum, E-MU SP12, 808 et 707 pour les drums et là il y aurait de quoi se mettre vraiment bien !
Votre style navigue avec brio entre italo disco, EBM, synth wave, new beat… D’où vient cette affinité pour ces styles ?
Kendal a commencé la production il y a 10 ans et ses premiers tracks étaient déjà influencés par l’italo-disco de Moroder, Alexander Robotnick et par la synthwave. De son côté Pablo est issu du label référence EBM Aufnamme + Wiedergabe via son duo Imperial Black Unit et a une solide connaissance de tout l’univers new beat et EBM. Ce sont des courants qui à l’époque étaient composés à partir des mêmes synthés ou boîtes à rythme, donc les passerelles sont évidentes.
Sur notre album, on a voulu y intégrer toutes ces influences tout en y apportant un son moderne et puissant, en y infusant une dose de break et de trance issue des 90s. C’est très important pour nous d’avoir notre propre patte, être dans la reproduction ne nous intéresse pas.
On reste toujours très attentifs et curieux à tout ce qui sort, que ça soit mainstream, underground, et peu importe les styles. On s’en nourrit à chaque fois qu’on repart en session studio, on a envie que nos productions et dj set évoluent et “mutent” au gré de nos découvertes. Par exemple on serait trop chaud demain de produire ou de collaborer avec un artiste comme Laylow (ami toulousain si tu nous entends ?!)
Quelle énergie avez-vous eu pour le set en direct avec Boiler Room ? L’avez-vous construit d’une approche différente en étant filmés ?
La vérité c’est qu’on n’avait pas dormi depuis quasi 48H !!
La veille, on mixait en Slovénie et juste avant on jouait pendant deux jours à Marseille pour le festival Un Autre Air avec toute la famille du label Dischi Autunno (Jennifer Cardini, Curses, Borussiade…) durant lequel on a fêté comme il se doit l’anniversaire de Pablo. Et puis il y eu le parcours du combattant pour relier chacune des destinations et rejoindre la Boiler à Gdansk en Pologne, on était pas loin de manquer chacune de nos correspondances… c’était sport !
Une fois derrière les platines, la fatigue s’est volatilisée. On était tous les deux hyper heureux et fiers de vivre ce moment et représenter Toulouse. On s’est nourri de l’énergie incroyable du public et on s’est tout de suite senti comme à la maison. Cette soirée Boiler Room filmée était un moment de fierté, d’affirmation et de communion important, spécialement pour la communauté LGBTQI+ qui subit la répression de leur gouvernement ultra conservateur.
Pour la tracklist il y a peu de surprises pour ceux qui nous suivent déjà mais on tenait à faire une sorte de “Best Of” du son qui nous définit avec pas mal de tracks de notre album, de nos projets solo ou du label Ritmo Fatale de Kendal. Finir sur notre édit de Pet Shop Boys – It’s A Sin a été un moment fort et plein d’émotions.
Quels projets à retenir pour bientôt ?
Ces prochains mois on va continuer de tourner en DJ set mais notre ambition première avec ce projet est de proposer un live audiovisuel INFRAVISION. On y travaille pour 2022.
Côté production, on réfléchit déjà au second album, sur lequel on aimerait faire plus de featurings et on a un EP de remix de notre LP dans les tuyaux. On est aussi bien occupés par nos projets solos, avec lesquels on a plusieurs EPs à venir.
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Le duo INFRAVISION sera en extended set de 8h à Kilomètre25 le samedi 3 septembre prochain. Retrouvez toutes les informations sur l’événement Facebook, et vos préventes sur la billetterie en ligne.
