Image à la une : Maxime Chermat

Du 30 juin au 2 juillet, le festival-roi du pays de Brest revient à nouveau pour trois jours de fête et d’explorations du spectre électronique (toutes les infos sur cette année ici). Pour sa 23ème édition, celui qu’on appelle la « cité des étoiles » ouvrira une nouvelle fois les portes de son cosmos et propulsera comme il se doit la saison estivale. Qui de mieux pour en faire la retrospective qu’un de ses créateurs, Gildas, éternel Peter Pan passionné, visionnaire, profondément humble et avide de continuer, 25 ans plus tard, à développer sa scène. Une rencontre riche d’histoire, et un modèle pour la scène électronique qui ne cesse aujourd’hui de croître. 

C’est la 23è édition du festival. T’écoutais quoi à 20 ans ?

J’étais très tendance Inrockuptibles, j’écoutais notamment Bernard Lenoir tous les soirs ou tous les matins en streaming ! En somme tout ce qui gravitait autour du rock et de la pop, aussi bien The Cure qu’Arcade Fire, et puis toute la scène de Manchester qui à un moment a accueilli la scène house/garage avec ce fameux club de l’HaçiendaLaurent Garnier a notamment pu jouer. On se demandait bien d’où ça pouvait venir, et puis c’est en 1993 qu’on s’est prit la première tarte à Rennes avec les Transmusicales. Au moment où on a découvert cette musique, ça a été l’électrochoc.

La toute première édition naît en 1995 lors d’une rave dans un champ. Celle de 1993 a été une source d’inspiration ?

Oui bien sûr ! De 1993 à 1995, par une association de copains un peu déjantés et passionnés que rien n’arrêtait, on se disait « on verra ce que sera demain, mais pour l’instant on en profite ! ». La découverte de cette musique, ça a été la grosse claque. Ici à Brest, il faut savoir que pour aller voir un chouette concert de musique il fallait qu’on fasse 200 ou 300 kilomètres le week-end, à Rennes ou à Nantes notamment parce qu’il n’y avait pas de salle de concert à Brest à l’époque, et la scène n’était pas vraiment marrante, les concerts finissaient à minuit… Dans tout ça, on représentait ces petits gamins décalés !

C’est vrai que ça a été le choc quand les Trans Musicales ont organisé Rave O Trans. Tout le monde était looké, ça rassemblait toutes les générations, on découvrait une musique qui venait de l’espace (d’autres pays comme l’Angleterre ou l’Allemagne), et puis forcément on commençait à découvrir ce côté militant. De 1993 à 1995 on s’est mis à organiser pas mal de petites raves dans des gîtes, dans des carrières, en commençant toujours par des concerts de pop enchaînés par des afters techno. On appelait ça « After Pop is Techno » en pensant que le public allait nous suivre, mais non (rires). On s’est rendus compte que c’était deux publics super différents.

À partir de 1995 on a crée la première version d’Astro, plus « grand » que nos soirées dans des gîtes à 400 personnes. En Bretagne on devait être 1500 à 2000 personnes tout au plus à écouter cette musique et on se renvoyait la balle : un week-end on organisait à Brest, l’autre à Rennes avec l’association Praxis à l’époque qui était plutôt house, à Nantes avec Transfund qui était plutôt très techno, et ce public se déplaçait sur ces trois points cardinaux de Bretagne pour aller en rave. Finalement on a créé notre événement le plus important en 1995 avec déjà trois chapiteaux, et nous voilà toujours là 23 ans plus tard !

Le lien entre techno et pop, tu penses que c’était la volonté de faire émerger la techno (qui n’était alors pas du tout acceptée) avec un genre qui lui l’était complètement ?

Oui c’était le but, parce que quand on a découvert ça, c’était à 99,9% notre sujet de conversation (rires). Les gens nous prenaient pour des barjos, des gros cinglés sortis de nulle part, et puis des drogués forcément. Globalement, dès qu’on entendait parler de musique électronique ou de techno dans les médias, ça ne parlait que de drogue en général, on ne parlait pas du tout de culture à cette époque-là. Pour les institutions c’était une culture qui ne faisait que passer, qui ne serait jamais une véritable culture reconnue en tant que telle. Notre objectif, c’était de littéralement la faire découvrir à un maximum de personnes et militer pour sa reconnaissance, tout simplement.

On organisait des concerts mais on faisait aussi en sorte qu’ils se poursuivent avec une bonne sélection de djs qui suivaient déjà cette nouvelle tendance de l’électro. Notre public était assez festif, et on voulait l’emmener vers ce monde de fous que l’on venait de découvrir. Après les concerts on partait dans des lieux improbables, on louait des cars même, ça continuait ailleurs toute la nuit et puis avec le bouche à oreille ça a fonctionné… De plus en plus de monde commençait à parler de cette musique et l’effet inverse s’est révélé : tout le monde voulait découvrir cet univers qui différait du rock ! La décoration, la mise en lumière de toute la salle (ce qui n’était pas le cas avant), et tout un délire de découverte(s) qui était super excitant. On s’est mis à faire des flyers, des plans des sites pour se rendre à la fête, où justement on essayait de perdre des gens, et puis forcément aussi pour jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre (rires). 

Tu penses qu’à ce moment-là c’était aussi l’excitation d’un parfum de contre culture qui vous animait ?

Bien sûr ! Le début, la base de la musique électro c’était un peu Woodstock finalement, un courant super hippie, solidaire, et puis ça s’est démocratisé. Aujourd’hui c’est devenu complètement banal mais à l’époque on avait l’impression de faire partie d’une sorte de tribu, une société à part où on se reconnaissait dans la rue par notre look, notre comportement, notre musique à fond sur la tête (rires), mais c’est vrai qu’on avait l’impression d’être un peu dans la marge, et finalement c’est aussi ça qui était excitant. C’était un état d’esprit qu’on retrouvait aussi dans les soirées et que l’on retrouve de nouveau d’ailleurs partout aujourd’hui.

Jacques écrit dans son édito « Le gouvernement est un gang qui a remporté la bataille » : aujourd’hui c’est plutôt l’inverse ?

J’espère aujourd’hui que ça va de nouveau se radicaliser (je parle de musique évidemment) (rires). On vient d’organiser une soirée au Château de Kériolet qui est un endroit magique, mais pour garder cette magie il faut qu’il y ait un état d’esprit de liberté. Je le vois d’années en années, jusqu’à présent on a toujours collaboré avec la mairie et du coup ça nous a évidemment laissé des portes ouvertes, la communication est beaucoup plus poussée sur les évènements, pas mal de gens l’ont découvert et il y a forcément une application beaucoup plus importante du côté institutionnel, et ça se ressent en tout cas.

Dans ma façon de travailler, de concevoir la soirée, c’est chiant d’être dans ce côté répressif où tu ne peux pas faire ce que tu veux, et puis c’est chiant aussi de se dire que maintenant tout le monde connaît cette musique. C’est agréable d’apporter du piment, de l’excitation. Aujourd’hui tout le monde écoute de la musique électro, on s’est battus pendant vingt ans pour qu’elle soit reconnue mais je pense qu’il n’y a pas que des avantages dans tout ça. Il faut faire en sorte que ça ne se banalise pas trop, garder encore cette excitation de soirée, de découvrir des artistes, et pas uniquement sur Internet ou sur n’importe quel blog. Prendre la musique de n’importe quel dj dans la face et réussir à maintenir cette excitation ! E ça n’est pas évident puisqu’aujourd’hui elle s’est véritablement démocratisée. Je cherche toujours à faire en sorte de mettre en avant des français grâce à un phénomène de collectifs et d’associatifs où tout est réfléchi et pensé, contrairement à nombre de soirées où le plateau est déjà vu et revu. Et c’est cette valeur sûre que j’aimerais voir un peu changer. Heureusement, aujourd’hui on a cette logique de passionnés en France et il faut que ça se maintienne, c’est une vraie richesse.

Tu serais quelqu’un de nostalgique ?

Je ne suis pas quelqu’un de nostalgique du tout non, c’est chiant d’entendre ça, au contraire je suis plutôt quelqu’un qui fait toujours l’analyse du moment, et comment garder le cap quelque part.

Alors, Astropolis ça n’a pas bougé d’une ride ? « Qu’après 23 ans d’existence organique son blase revêt d’une façon unique la peau lisse ». Vous portez toujours les mêmes convictions qu’en 1995 ?

Bien sûr oui, on essaie de s’entourer d’un maximum d’énergies et de collectifs de la région parce que je trouve intéressant de partager les avis, de mélanger les générations, de réfléchir avec des collectifs de jeunes de vingt ans. On échange là-dessus et c’est super intéressant, même artistiquement parlant – par exemple on fait un Tremplin régional (Tremplin du Grand Ouest) où on écoute pas loin de 300 démos de jeunes qui ont l’envie et qui veulent se professionnaliser. Finalement on essaie de se maintenir, et surtout de respecter ça. On a créé une identité forte de ce côté-là et pour rien au monde je n’aurais envie de la perdre ! C’est faire le constat du moment et comment faire en sorte de maintenir cette identité que l’on a forgé aujourd’hui et continuer à aller de l’avant, simplement.

© Maxime Chermat

À quelle échelle le festivalier est-il partie prenante du festival ?

On met souvent à la fin de nos supports de communication « La fête dépend aussi de vous », c’est à dire que ce n’est pas comme si c’était un automatisme, il faut aussi participer à la fête. L’implication du public est essentielle aujourd’hui. C’est un réel investissement de notre part. Personnellement je me fais chier quand je vais dans un festival et que j’ai l’impression d’entendre le même son partout. J’aime sentir la diversité du public, j’aime mélanger les cultures, je n’aime pas quand tout se ressemble. Même dans la vie en général (rires). Ça a été un choix de notre part et on a eu du mal à faire accepter à la ville le fait qu’on occupe l’espace pendant trois jours. Le but était de faire découvrir Brest au public avec notamment les évènements en journée, tous gratuits et accessibles à tous, avec par exemple Jacques qui va venir mixer à la boum pour les enfants !

Ce sont ces souvenirs-là que tu gardes vingt ans plus tard, cette rencontre entre toutes les générations, et les personnes que tu as croisé deviennent même des images plus fortes que tel ou tel set que tu as pu voir. Ce sont des souvenirs et des découvertes !

Outre les concerts, lives et dj sets, de nombreuses conférences, expositions, disquaires, retracent l’histoire de la musique électronique et de la période des raves dans toute la ville. Profiter d’un festival, c’est aussi le comprendre ?

Oui bien sûr, justement on est à la 23ème année, la majorité du public a entre 18 et 25 ans donc ils n’ont pas forcément participé à tout ça (rires). Il faut bien sûr raconter cette histoire. Par exemple les gens redécouvrent Jeff Mills en ce moment et il n’empêche qu’il a une sacrée histoire derrière lui. S’il n’avait pas été là, on n’en serait pas là ! Il faut apporter notre participation et nos acquis, nos connaissances et les partager finalement. Jacques c’est pareil, il y a deux ans les gens l’ont critiqué en disant que c’était du commercial et qu’il voulait créer le buzz, alors que c’est totalement l’inverse. C’est quelqu’un de très cultivé, qui tente des expériences, qui fait avancer la machine, qui a un avis politique sur les choses, qui n’a pas peur de s’exprimer, et finalement j’ai un grand respect pour lui !

© Souenellen

En parlant de Jacques, comment s’est passée la collaboration sur l’édito ?

On l’avait reçu il y a deux ans à Brest quand il n’était pas encore connu. Je l’ai découvert aussi dans des articles pour son discours politique et son histoire, et puis Sébastien (Agoria) m’a beaucoup parlé de lui, de cette volonté de casser les murs et d’ouvrir la culture électro à des personnes qui n’y auraient jamais eu accès… Je lui ai proposé d’être notre fil rouge et d’écrire l’édito, de jouer à l’Astrofloor, non seulement pour des raisons musicales mais aussi pour des raisons philosophiques parce que je suis réellement sur la même longueur d’ondes que lui.

C’est un artiste qui va faire avancer les choses et qui va ouvrir des portes, je l’espère en tout cas, que les gens vont commencer à réfléchir à son concept – comme Jeff Mills pour en revenir à lui. C’est le premier qui a réellement intronisé l’orchestre philarmonique dans ses sets, et peut-être que sans lui les directeurs de scènes nationales ne se seraient jamais posés la question de réunir ces deux cultures et de proposer des projets à un public plus âgé, qui peuvent aussi bien écouter de la musique concrete qu’aller voir de la danse contemporaine. Et qui, aujourd’hui, vont pouvoir aller voir Jeff Mills.

Jacques c’est pareil, il invite les artistes à s’exprimer et ça n’est pas une expérience facile, il y a beaucoup d’improvisation dans sa musique et il était temps qu’il y ait ce retour à l’improvisation quelque part !

© Alban Gendrot

« Les problèmes sont une invitation à l’exceptionnel ». Le pari le plus fou ? Les erreurs vous font progresser ?

En 2005 on avait accueilli les Bérurier Noir. Au début ça devait se faire dans l’anonymat et finalement ils ont un réseau tellement bien organisé que ça s’est su ! Le petit festival de 8000 personnes s’est très vite transformé en un festival de 20 000 avec 50% de punk (rires). Ça faisait plaisir aux punks mais ça faisait mal aux technoïdes, et finalement ça a été une bombe énergique, un one shot, on est super contents de l’avoir fait mais ça a été la guerre !

C’était une édition vraiment spéciale parce qu’en parallèle on accueillait pour la première fois tout le staff d’Underground Resistance, c’était exceptionnel. Je suis fan des premières heures de UR et Mad Mike, et c’était très compliqué à l’époque d’accueillir tout ce crew très engagé. Ça faisait dix ans qu’on était dessus et j’étais super fier d’accueillir ces deux extrêmes politiques. Mais waouh, ça a été une édition super dure… Je ne sais pas si je retenterais l’expérience aujourd’hui (rires). La recherche de l’exceptionnel, c’est finalement le fait que ça se soit tant standardisé et il faut vraiment faire attention de ne pas tomber dans le piège.

Le festival a lieu du 30 juin au 2 juillet. C’était la meilleure manière d’inaugurer la saison estivale ?

La Bretagne est un vaste terrain musical pendant la période estivale : Les Vieilles Charrues, la Route du Rock… et puis énormément de festivals de musiques actuelles. Finalement on est assez fragiles, tout au bout de la pointe bretonne ! En général quand tu viens à Brest tu ne viens pas par hasard, juste comme ça (rires). Les jeunes y préfèrent Nantes ou Rennes et on essaie de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’autre festival en Bretagne sur ce week-end là.

Et pour plusieurs raisons, pas simplement celle du public, il y a aussi toute une équipe technique et d’intermittents du spectacle qui travaillent pendant trois mois et qui, le reste de l’année, sont sur d’autres festivals. C’est aussi pour des raisons matérielles – les scènes, les barrières, les lumières, le son : il n’y a pas dix mille fournisseurs de matériel et nous accordons une importance particulière à travailler avec les entreprises locales et pour le développement durable. Finalement, c’était le week-end le plus « facile » pour nous en tout cas.

Le bon côté des choses, c’est qu’on a l’été pour nous après ! (rires) On avait été un petit moment sur l’été du 15 août, et puis un autre festival s’est imposé à mois de 100 km de chez nous. C’est à ce moment-là qu’on a décidé  de se déplacer début juillet. Ce festival n’a pas vraiment d’identité artistique, et il suffirait qu’une grosse tête d’affiche soit le même soir que nous pour qu’on ne puisse pas vraiment continuer.

© Maxime Chermat

J’entends souvent revenir (sûrement à tort) que la Bretagne reste le pays de la techno. Qu’est-ce que t’en penses ?

Ah non, non, non ! La France est à la page aujourd’hui, mais il s’en passe des choses dans toutes les villes. Rennes est une ville très dynamique qui a maintenant son festival MADE, il y a aussi le Paco Tyson qui s’est créé cette année, on en est loin ! (rires) Après on commence à avoir pas mal de collectifs sur Brest qui commencent à créer leur véritable identité, et on encourage ça. Une à deux fois dans l’année je fais des évènements où on se réunit tous pour se connaître, et on a mis en place un calendrier sur Internet où on essaie d’être constructifs, de ne pas se bouffer les uns les autres. Ça n’est pas la peine d’avoir plusieurs propositions sur le même week-end parce que la population ne nous le permet justement pas ! Autant faire les choses bien, créer des évènements réguliers mais cohérents, et proposer des moments excitants pour le public plutôt que de leur balancer trop de propositions, que tout le monde soit dosé au bout de plusieurs mois, etc.

On parlait de découvertes tout à l’heure, tu pourrais nous évoquer le label d’Astropolis ? C’était cette volonté de mettre en lumière la vivacité du Grand Ouest ? On se souvient de Fakear, Superpoze, Blutch…

Évidemment oui c’était notre volonté, et on continuera toujours parce que comme je le disais tout à l’heure certains festivals restent des « machines à thunes » abonnés aux têtes d’affiches. Aujourd’hui quand tu as créé une identité, les gens te font confiance quelque part, et c’est là qu’il faut commencer à s’amuser, à prendre des risques, à développer des artistes, à profiter de l’identité que tu as créé pour passer ton énergie et la développer dans des projets un peu risqués. Le label ça n’est pas notre activité, c’est un plaisir, et tout cet accompagnement artistique qui comprend aussi le Tremplin nous font du bien. Un festival ça n’est pas seulement de la diffusion, c’est aussi profiter de pleins d’outils, de prises de risques, et de faire découvrir des jeunes artistes qui ne demandent que ça.

Je pense à la scène expérimentale que l’on propose au festival, cette musique que personne n’écoute – et certainement pas dans les bars ou les clubs parce que ça n’est pas dansant. On essaie de trouver des lieux adaptés pour les mettre en avant. Le hardcore aussi, si tu regardes en France il y en a quand même très peu, et de la même manière tu n’irais pas l’écouter dans un bar à 18 heures (rires). Je vois des gens qui débarquent du Sud et viennent à Astro pour aller voir la scène Mekanik parce qu’ils n’en ont plus assez ! C’est important de prendre ces risques, et de faire découvrir la musique aux autres. On a cinq scènes maintenant, de l’ambient à la chill out jusqu’aux musiques extrêmes, et à l’époque si chacun restait un peu clôt dans sa propre scène, aujourd’hui on observe que les gens déambulent de nouveau, prennent le choix d’aller découvrir d’autres choses, d’autres artistes de styles différents, et il y a cette volonté de découverte qui fait du bien.

C’est vraiment gratifiant. Et c’est cette énergie que l’on trouve dans les collectifs et l’associatif qui font que ça donne envie de défricher, de faire des choses qui sortent de l’ordinaire. C’est bien plus excitant que de rentrer dans une vie où tout se ressemble et… fuck ! (rires)

© Souellen – Scène Mekanik

En presque 25 ans, tu as fais un certain nombre d’interviews. Ma question serait simple : quel sujet n’as-tu jamais abordé et que tu aimerais pouvoir aborder aujourd’hui ?

Ce qui serait bien, ce serait des tables rondes de réflexion où il y a justement ce côté de partage et de débat. Je trouve le projet européen des Nuits sonores très intéressant aussi, voir comment ça se passe ailleurs et, de là, faire naître de nouveaux projets qui font avancer les choses. Aujourd’hui ce qui est intéressant c’est d’analyser, et de commencer justement à réduire les acteurs aussi bien passionnés que professionnels, de façon à réfléchir à ne pas standardiser le milieu dans lequel on est en train d’évoluer. Comme je le disais, j’espère que ça va se radicaliser de façon à ce qu’on ne tombe pas dedans. Il ne faut pas que ça se passe comme ça s’est passé pour le rock. Tant que ça reste un plaisir et qu’on ne se prend pas trop au sérieux ! (rires) On ne va pas refaire le monde non plus ! C’est cette soupape de plaisir et d’excitation qu’il faut réussir à maintenir.

Une spécialité culinaire du pays de Brest ?

Un bon plateau de fruits de mer bien frais au lendemain matin d’une teuf avec une bonne bouteille de blanc ! Je pense que ça te remet d’aplomb direct.

Quel lien avez-vous construit avec le Piknik Electronik de Montréal ?

C’est une équipe qui est dans le même état d’esprit que nous, de l’autre côté de l’Atlantique. C’est une rencontre humaine. Une de nos chargées de communication est partie faire son stage trois ans à Montréal, et a créé la passerelle entre nous et l’équipe du festival parce qu’elle a vu les mêmes ! (rires) C’est un véritable échange, on accueille leurs artistes et ils accueillent les nôtres en retour. On partage beaucoup. En janvier on était partis à l’Igloofest, il faisait -20°, on était avec Laurent Garnier notamment. On nous avait donné une belle scène, on est partis entre copains et c’était une expérience incroyable, en extérieur, en plein cœur de Montréal. Il faut favoriser ces échanges !

Est-ce qu’Astropolis pourrait un jour attérir sur un autre pays voire un autre continent ?

Se délocaliser non, mais collaborer oui ! Si un festival nous prêtait une scène pour la nuit je ne dirais évidemment pas non, mais organiser avec notre structure (assez réduite) ce serait énormément de travail et ça nécessite un gros travail de faire ça. Mais les collaborations et les échanges, quand humainement déjà on s’accorde bien, après ça n’est que du plaisir !

Finalement, notre devise chez Dure Vie : « La vie est dure, on vous l’adoucit ». Qu’est-ce qui personnellement te rends la vie plus douce ?

La musique, c’est certain que ça me rend la vie plus douce.

Et tu aurais pu faire quelque chose d’autre ?

La cuisine, j’adore bouffer ! (rires) Ma première passion reste la musique, mais la cuisine vient réellement après.

Merci infiniment à Gildas pour le temps qu’il nous a consacré.

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