Friendsome Records vient de sortir son premier EP, Wind Of Change, avec la légende chicagoanne Roys Davis Jr., trois pépites house pilotées avec sa MPC 60, ses Roland Tr 808 et TB 303 et son Moog. On est partis à la rencontre du collectif et label qui représente BelariaMatthusMichel D.RiksTatie Dee et Yuko Kakizawa, et on a posé quelques questions à Roy Davis Jr. 

Quels ont été les débuts de Friendsome ? 

Michel D. : On est trois à avoir créé Friendsome, en famille, avec Bluma ma sœur et Riks le meilleur pote de notre frère. Mais il est vrai qu’à la base, l’impulsion de créer ce collectif / label est venu de moi. Après des années passé à bosser en équipe, que ce soit avec le crew Cliché Party (les soirées que j’organisais à Londres) et ensuite un groupe électro-pop dans lequel j’étais, je me suis retrouver à être DJ en solo pendant 2-3 ans et le travail et l’énergie de team me manquait beaucoup.

On ne voulait pas monter un collectif juste histoire de, on voulait vraiment qu’il y ait un message. Au-delà de l’amour du Groove en tout genre qui nous anime, on voulait vraiment dépasser les frontières de juste faire des évents et sortir des disques. Il fallait qu’il en sorte quelque chose de positif, progressiste et qui cherche à faire évoluer les mœurs. 

« 6 Djs, 3 femmes et 3 hommes, de 23 à 47 ans, unis par l’amour de la musique et le plaisir d’être ensemble. »

Riks : C’était effectivement l’envie que ce projet repose sur des valeurs solides, comme l’écologie ou l’égalité des genres. Matthus est un vieux pote, Charlotte une copine de Bluma, Yuko et enfin Chloé sont arrivé.es avec une identité musicale forte mais des visions communes et surtout des valeurs partagées. Finalement, ça donne un collectif de 6 Djs, 3 femmes et 3 hommes, de 23 à 47 ans, unis par l’amour de la musique et le plaisir d’être ensemble. Tout ça parait un peu naïf, mais c’est une très belle aventure collective ! 

Belaria : L’idée, c’était de monter un collectif basé sur la parité et l’intergénérationnalité.

Quelles en sont ses valeurs ? Vous reversez notamment 20% de vos recettes à des associations engagées dans l’écologie ou l’inclusivité.

Belaria : L’inclusivité, la mixité, la durabilité et la bienveillance. Les dons reversés aux associations varient d’un événement à l’autre : pendant le premier confinement, on avait par exemple reversé des sous au personnel soignant pour les soutenir durant la pandémie. On a déjà également bossé avec l’association VA FAIRE CUIRE UN OEUF, pour soutenir la cause des migrants à Paris. 

Riks : On essaie vraiment d’apporter notre petite pierre à l’édifice et de faire vivre ces valeurs de façon très concrète. Ce n’est pas une posture, mais un truc qui nous anime vraiment ! 

On prend une part de nos bénéfices, et on la reverse à ces ONG. Ce n’est pas grand chose, mais c’est notre façon d’aider. On essaie aussi de faire bouger les lignes sur l’écologie. Ruben (Michel D.) est très investi dans le DJs For Climate Action, et les disques que nous sortons sont les plus verts du marché. 

Michel D. : Fin 2017, on constatait un vrai manque de parité des genres derrière les platines et dans les sorties de disques. C’était l’idée principale : faire des lineups à 50/50 ou au plus proche possible entre femmes et hommes. Quand le label est arrivé, on a voulu rester dans cette optique et alterner le plus possible des sorties d’artistes de différents genres, mais aussi d’origine, d’âge… Certain.e.s d’entre nous étant assez politisé et dans une démarche de progrès social ou de partage des richesses, on a décidé de reverser 20% de nos bénéfices à des associations de terrain. 

Comment avez-vous sélectionné les talents / DJs de l’agence ? 

Michel D. : Friendsome, c’est avant tout une famille. Dans l’ordre alphabétique, il y a Belaria, qui était une amie de Bluma avant la création de Friendsome, et à qui j’ai d’ailleurs fait les premières initiations au mix quand elle n’avait pas encore 20 ans. Matthus est un ami de très longue date avec qui j’ai travaillé plus jeune et qui m’a beaucoup appris. Moi même Michel D., puis Riks co-fondateur et ami intime de notre famille depuis plus de 20 ans, Tatie Dee la dernière arrivée dans le crew et une évidence après l’avoir vu jouer plusieurs fois en club, et enfin Yuko Kakizawa qui a rejoint la team quelque mois à peine après la création de Friendsome. Elle jouait avant moi à une soirée, et j’ai pêté un plomb tellement j’aurais pu jouer quasiment le même set track après track ! (rires)

Quelle en est sa ligne artistique ? Qu’est-ce que vous jouez toutes et tous aux platines ? 

Belaria : Plutôt dans une ligne artistique house/disco et ses dérivés proches, tout en n’allant pas dans le trop dark. C’est une alternance entre des sorties de mecs et des sorties de meufs, pour toujours avoir ce côté paritaire. Ça peut être difficile à gérer, surtout pour le boss puisque c’est lui qui coordonne tout : mais il gère ça comme un chef et sera bientôt épaulé d’ici septembre ! 

Riks : On est tous bercés par des influences très variées. Ruben a été très marqué par le UK garage, Belaria a une grosse base 80’s, Yuko est très disco et pop, Tatie Dee est une inconditionnelle de house oldschool, Matthus a un penchant pour la minimale, et moi je suis hip-hop à la base. Mais on se rejoint tous sur notre vision d’une musique exigeante qui transmet des émotions !

Michel D. : Évidemment musiques électroniques, mais on n’aime pas se cantonner à des style de musique trop restreints et/ou similaires. Après on a quand même tous des penchant pour la house et une bonne partie ces sous-genre, la disco, nu-disco, l’italo, EBM…

Et côté label ? 

Michel D. : On vient d’annoncer la première sortie avec Roy Davis Jr, une légende de la house de Chicago. Au printemps, on va sortir le premier EP de Belaria, une génération bien plus jeune et dans un style italo, EBM, et même un peu pop par moment. La sortie suivante qui est actée pour quelque part autour du mois de septembre ça sera Tatie Dee avec un EP acid house.

« On a pris le parti de produire des vinyles éco-responsables. » 

Dans le côté engagé, on a pris le parti de produire des vinyles éco-responsables. Gérer toutes ces casquettes entre event, bookings et label, vrai c’est pas mal de boulot mais entre Bluma qui gère la com, Belaria qui participe à la prod sur nos événements, Riks qui va nous trouver un plan par ci un plan part là, Stina (boss de l’agence Stinsensqueeze) qui gère toute notre identité visuelle, et toute la team toujours prête à se donner des coups de mains, ça reste un plaisir au jour le jour ! 

Comment s’est faite la collaboration avec l’artiste ? Vous y pensiez depuis longtemps ? Sa musique est intrinsèquement liée à celle que vous aimez ? 

Michel D. : On s’est rencontrés avec Roy il y a 4 ou 5 ans alors qu’il jouait sur un festival sur lequel je co-gérais la production pour des potes, on a beaucoup accroché et on est resté amis depuis. On partage évidemment l’amour de la musique mais au-delà de ça, on s’est rendus compte qu’on partageait aussi des valeurs communes.

Début 2020, ça nous a paru comme une évidence de lui proposer d’ouvrir la voie, et il était partant ! Deux ans et après plusieurs vagues de Covid, on est d’ailleurs hyper fiers car Roy n’avait pas sortie de titres sur un label français depuis son remix de Modjo – Lady ou Rock Shock sur Roulé. Tout en restant dans un esprit house, il ne s’est jamais enfermé dans un style particulier et a sorti des bombe acid, soulful, gospel, des remix pop, ou encore un classique UK garage alors qu’il vient de Chicago. Le morceau ‘Gabriel‘ est une vrai pierre angulaire de la musique électronique pour moi.

[Questions à Roy Davis Jr.]

Quel a été le processus créatif de cet EP ?

Eh bien, cela fait très longtemps que je n’ai pas composé le son qui m’a amené à la house, et en particulier ce type de son expérimental / funky électronique / chicago / acid. Comme j’ai muri, je voulais m’assurer que j’avais fait quelque chose pour rendre hommage à mon pote Spanky de Phuture et Armando Gallop, qui me laissaient emprunter leurs boîtes à rythmes et leur Roland TB 303 quand je n’avais pas les moyens de m’en acheter une. Je brûlais mon encens et vibrais au son de mes lumières disco  dans mon studio, je priais et je commençais à créer.

Crédit © Gaetan Clément

Tu es un véritable pionnier de la musique électronique, et tu n’as jamais cessé de produire depuis tes premières sorties. Comment votre façon de produire et d’aborder la musique a-t-elle évolué ?

Eh bien, passer de l’analogique au numérique a été un énorme changement pour moi, mais j’ai trouvé ma voie. Ensuite, j’ai commencé à récupérer mon vieux matériel pour créer mon studio en mélangeant les technologies d’aujourd’hui et d’hier, je suis plutôt un producteur qui aime tourner les boutons et sentir/toucher ce que je crée.

Wind Of Change‘, ‘I Am‘, ‘Feel Free‘ : l’enchaînement des morceaux semble être une belle progression vers une quête personnelle. Quelles sont vos inspirations quotidiennes ?

Mon inspiration est de voir les gens sourire et danser sur les vibes que je crée ou que je joue en tant qu’artiste et DJ. Il n’y a rien de plus chaleureux pour l’esprit, de savoir que je vis mon rêve de rendre les gens heureux et de leur donner un petit morceau de moi de loin qui peut les rapprocher.

L’EP Wind Of Change est disponible sur le bandcamp de Friendsome Records. Vous pouvez suivre Friendsome sur leur site internet, Facebook, Instagram et Soundcloud