À écouter : Fièvre dévoile "Don't Stop" avec Soom T, hymne speed garage et ragga hip-hop

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Le producteur français Fièvre dévoile aujourd’hui « Don’t Stop », premier titre extrait de son nouvel EP éponyme prévu le 31 mars prochain en collaboration avec la chanteuse écossaise Soom T. Rencontre. 

Pourquoi avoir choisi « Don’t Stop » pour le titre ?

En fait, ce n’était pas un souhait initial de l’appeler comme ça. Quand on a commencé notre collab avec Soom T, elle m’a envoyé un enregistrement avec beaucoup de matière, plusieurs couplets et un refrain, comme elle a l’habitude de faire dans le Reggae. J’aurais adoré tout garder, mais ça ne collait pas tout à fait à ce que je voulais faire, c’est à dire un morceau efficace avec peu de lyrics mais percutantes.

J’ai fini par isoler seulement quelques phrases parmi ses enregistrements et ce qui en est resté c’est : « I say hold that move don’t stop me, and my mind starts moving like a party, through the wilderness i’m carried ». A l’origine le morceau qu’elle a écrit s’appelait « No Delay » mais ça n’avait plus trop de sens et finalement « Don’t Stop » colle bien avec l’esthétique et le leitmotiv du projet qui est de te faire danser quoi qu’il arrive !

Tu nous a parlé d’un clip qui sortira avec l’EP début avril. Il a été tourné à Londres, c’est une ville que tu affectionnes ?

Oui, ça remonte à mon dernier EP « Let me tell U » que j’ai pressé en vinyle il y a quelques années. J’avais tout géré moi-même jusqu’à la distribution du disque. J’ai commencé par démarcher les disquaires Parisiens mais peu étaient vraiment emballés par le 2-step. C’était mal parti. C’est quand j’ai écrit à Londres que les choses se sont débloquées. Les disquaires étaient beaucoup plus réceptifs, notamment le fameux DNR Vinyl, et c’est là-bas que j’ai tout écoulé ! Certains DJ locaux sont venus échanger avec moi et c’est comme ça que j’ai connecté avec Ollie Rant et d’autres artistes anglais. 

Je ne veux pas trop en dévoiler pour l’instant mais le clip raconte de manière auto-dérisoire l’histoire de ce personnage « Fièvre », un gros looser qui essaie de vendre son disque à Londres et qui se fait recaler de tous les disquaires. Aller tourner ce clip là-bas c’était un petit clin d’œil personnel aux disquaires qui m’ont soutenu, et surtout l’occasion d’aller en rencontrer d’autres.

Et puis on s’est bien marré, on est parti avec mon ami et réalisateur Paul Luneau ainsi qu’Hugo Canny qui nous a bien aidé sur le tournage. Au départ il était prévu un chef-op et notre DA, mais ils se sont fait recaler à la douane à cause de problèmes de passeport. La loose ! On a dû changer tous nos plans et on a fini par tourner le clip à l’iPhone avec un stabilisateur et quelques lumières. Finalement le résultat est comme je l’espérais, un rendu à la « The funk Hunt » de Kourtrajmé. Mais je n’en dis pas plus, rendez-vous début Avril pour le visionner…

Comment s’est passée ta rencontre avec Soom T ? L’esprit reggae hip-hop ce sont des influences que tu as depuis longtemps aussi ?

L’histoire de ce feat. avec Soom T est assez marrante et nous ramène presque 10 ans en arrière. En 2015 après mes études j’ai travaillé pour un label français qui produisait beaucoup de Reggae. Quand je suis arrivé ils venaient de signer Soom T et ils étaient à fond sur son nouveau disque. Du coup je me suis retrouvé à bosser sur son album « Free as a Bird » pendant plus d’un an – enregistrement de l’album, sortie du disque, promo, tournée, etc. Le long de son parcours Soom T à multiplié les collaborations avec des artistes talentueux comme Mungo’s Hi fi ou encore les très grands The Orb avec « Aftermath ». Une fois que tu as pris en main son accent anglais, c’est super facile de s’entendre avec Soom, elle est adorable !

À la suite de cet album sur lequel on travaillait elle est bookée sur le festival des Vieilles Charrues, grosse date ! Alors toute la team y va. À l’époque j’aimais bien le reggae mais j’écoutais surtout beaucoup de House et de Uk Garage, à commencer par les classiques. Et ce soir-là, à la fin de son concert, Soom T fait une reprise de « Pump the Jam » avec son band. J’hallucine ! La foule est en délire, la reprise est complètement inattendue et l’idée de croiser le Reggae et la House m’a tout de suite attiré. Ça m’a fait penser à des gros classiques de 2-step comme le monstrueux « Neighborhoud » de Zed Bias, c’étaient mes influences du moment.

Bref, on discute dans des loges en préfabriqué après son show et je n’ai pas pu cacher mon enthousiasme « je suis un grand fan de house, j’ai adoré ta reprise à la fin c’était énorme ! ». On part sur une longue discussion où je lui fais part de mon intérêt pour la scène anglaise, la teuf, etc. Alors je lui fais écouter quelques morceaux que j’avais produit ce à quoi elle répond : « Nice vibe, let’s do a feat. ! ». C’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd !

J’ai gardé l’idée en tête pendant plusieurs années mais c’était une cartouche à ne pas griller et je n’étais pas vraiment prêt à l’époque. Nos routes se sont longtemps séparées par la suite et je l’ai recroisée par hasard dans les bureaux du label X-Ray juste en face de mon studio. Alors comme le hasard fait toujours bien les choses, je me suis dit que c’était le bon moment !

Comment a été construit l’EP ?

On a travaillé à distance avec Soom T. Je voulais un truc bien énergique alors je lui ai proposé de partir à 140 bpm. Je savais que ça ne lui ferait pas peur. Il suffit d’écouter son morceau « Politic Man » à partir de 1mn10 pour comprendre, c’est impressionnant la vitesse à laquelle elle toast ! Je précise qu’hormis quelques traitements de base je n’ai modifié ni la vitesse, ni le pitch de sa voix, il fallait la garder au naturel, 100% original selecta mi bradda !

Je lui ai envoyé quelques références de ce que je voulais faire et ensuite, carte blanche. Ma première inspiration c’était « Renegade Master (Friend Within Refix) » de Wildchild, inutile de préciser pourquoi… J’aurais rêvé de produire ce banger. Par ailleurs la voix de Soom T m’a toujours fait penser à cet anthem et en plus, elle a nommé son propre label « Renegade Master » en hommage à ce track, si c’était pas un signe !

Evidemment, le résultat reste assez éloigné de cette référence et heureusement car l’idée n’était pas de produire une mauvaise contrefaçon. Quand j’ai reçu ses voix, j’ai très vite pondu une première version assez fidèle au morceau actuel, si ce n’est qu’entre les deux, il y a au moins une dizaine de mixes différents. Je me suis beaucoup pris la tête à trouver la couleur du morceau, je voulais que ça sonne comme un bon vieux « DJ Supreme » des années 90 – prenez « Tha Wildstyle » par exemple. Et pour le coup il n’y a aucun sample ni aucun VST utilisé. J’ai tout mixé sur une Soundcraft en utilisant une Jomox Xbase09 pour les drums, un Nord Lead et un Korg M1pour les stabs, un Alesis Midiverb pour les effets, etc. Ça a pris du temps, mais je suis plutôt content du résultat.

En parallèle j’ai contacté des producteurs de Londres pour leur proposer de remixer le morceau original et c’est Ollie Rant qui a répondu à l’appel ! Ollie il fait partie de la grande famille de la ukg à Londres et collabore avec plein d’artistes. Il a sorti – entre autres – le morceau « XTC » que j’aime beaucoup ou encore « A love like » sur le V/A de Interplanetary Criminal, sorti sur le légendaire label Locked On records. Il est résident sur Rinse UK depuis peu et tourne pas mal à Londres. C’était important pour moi de partager un bout de cet EP avec la scène anglaise. C’est l’occasion de renforcer les connexions avec nos voisins d’outre-manche, et puis il faut rendre à César ce qui appartient à César, n’oublions pas qu’on parle de UK garage !

L’EP se termine par un remix des Victors de la musique, c’est un side-project que je développe avec mon binôme Victor Arnau. On nous a baptisé comme ça d’entrée de jeu car on s’appelle tous les deux Victor. Ça fait sourire mais c’est du sérieux ! On a composé un live qu’on a eu l’occasion de présenter à la ferme du bonheur et dans pas mal de petits festivals. Il y a peu de morceaux sortis pour l’instant à part « Rio », disponible sur la première compile de La Mamie’s mais des releases sont à prévoir cette année ainsi qu’une mini tournée cet été. Je ne pouvais pas sortir un EP sans y intégrer un remix de notre duo.

Et pour répondre à la question « en combien de temps ? », et bien j’ai commencé l’EP en février dernier, il y a donc un an tout pile. Je n’ai pas mis un an à produire les sons en eux-mêmes, mais c’est la gestion de tout le projet qui prend du temps, la pochette (réalisée par la talentueuse Louise Harling du studio In the Pool), le clip, les échanges avec Soom T, le mixe, le mastering, etc. Et encore je ne parle pas de la stratégie digitale, la promo, les contrats, etc. Et pour ça, j’ai eu la chance de signer le projet sur le label X-Ray production, le label de Soom T entre-autres, mais aussi des amis de longue date qui me donnent un sacré coup de main là-dessus.

L’EP Fièvre sort le 31 mars prochain, avec 4 titres et un clip bonus. Le premier single « Don’t Stop » est disponible sur toutes les plateformes digitales, et sur Bandcamp. 

Don't Stop Feat Soom T by Fièvre