Aujourd’hui, c’est la fête. Aux quatre coins de la France et dans plus de 350 villes du monde entier, les professionnels et amateurs échauffent leurs instruments et leurs voix à la longue soirée de festivités qui les attend. Les guides, « top » et autres listes souvent non-exhaustives des centaines (milliers ?) d’événements abreuvent les réseaux, la joyeuse question « on va où pour la Fête de la Musique ? » se noie dans toutes les conservations, mais chacun.e sait que le marathon musical du jour le plus long de l’année (ou la nuit la plus courte pour ceux qui prolongent le plaisir jusqu’à l’aube) se fera sans doute… au hasard. Et c’est normal : dans quelques heures, les rues, les bars, les squares, les kiosques, les cours, les jardins et les places seront au même tempo : celui de la Fête de la Musique. 

Dans l’hémisphère Nord, la douce évocation du 21 juin marque le solstice d’été, le jour où le Soleil ne se couche ni ne se lève jamais en Arctique et en Antarctique. Si l’on écrit souvent qu’une musique peut être « solaire », pourquoi ce jour pour la Fête de la Musique ? 

« La musique sera partout et le concert nulle part »

Il faut remonter au 21 juin 1976 pour ses premières bribes. Ce jour-là, le musicien américain Joël Cohen travaille pour la grande chaîne radiophonique France Musique et propose, pour célébrer les solstices d’été et d’hiver, une programmation musicale spéciale qu’il baptise « Saturnales de la Musique ». L’objectif est de diffuser jusqu’au bout de la nuit.

En pratique, la Fête de la Musique est aussi associée au 10 juin 1981, date du jour d’élection de François Mitterand où un concert Place de la République rassemble environ 100 000 personnes autour de la « Fête de la Musique et de la Jeunesse ». Quelques mois plus tard, la classe politique ne semble toujours pas s’en remettre, et se lance dans une grande enquête nationale sur les pratiques culturelles des français qui révèle que 5 millions de personnes (dont 1 jeune sur 2) jouent d’un instrument de musique, et que beaucoup d’amateurs dans leurs chambres ne demanderaient qu’à s’exprimer.

Jack Lang, alors Ministère de la Culture, épaulé par Maurice Fleuret, directeur de la Musique et de la Danse, lancent l’idée d’un événement fédérateur qui en serait le reflet. L’appel est lancé : « Faites la fête ! Faites de la musique ! » table sur le 21 juin 1982 pour faire de la rue sa place privilégiée.

« La musique sera partout et le concert nulle part », défend Maurice Fleuret, qui y voit dès lors une possible révolution dans le domaine de la musique. Peu importe le genre, l’origine ou le style, les musiques doivent se rencontrer lors d’une journée dédiée qu’il rêve comme « une libération sonore, une ivresse, un vestige qui sont plus authentiques, plus intimes, plus éloquents que l’art. »  Ce jour-là, la Fête sera gratuite, ouverte à toutes les musiques « sans hiérarchie de genres et de pratiques » et à tous les français.

Organisée en improvisation totale ou presque (Jack Lang avouera plus tard qu’elle aura été l’un des plus « grands tracs de sa vie »), l’événement est un succès. Les musiciens s’installent partout dans les rues, la musique résonne jusqu’au bout de la nuit.

L’écho de cette. fête ira quelques années plus tard jusqu’à nos voisins européens. En 1985, l’Année européenne de la Musique la remet en lumière et fait l’objet d’une charte (« La Fête Européenne de la Musique ») signée à Budapest en 1997, pour fédérer et sacraliser ce jour du 21 juin. Aujourd’hui, la tradition française est célébrée dans plus de 350 villes et 120 pays dans le monde. 

Même si le hasard conduira peut-être votre route ce soir, Dure Vie a conçu un guide avec plus de 60 événements de musiques électroniques dans tout Paris.